Herman Rarebell, le mythique batteur de Scorpions de 1977 à 1995, avait joyeusement intitulé son second effort solo "I'm Back''. Si l'album l'a furtivement fait revenir sous les projecteurs, nul doute que son troisième disque solo sobrement intitulé ''Herman's Scorpions Songs" n'attire un peu plus l'attention sur lui. Pourtant avant toute écoute, il serait légitime de se demander quel serait l'objectif artistique d'un tel projet : permettre à notre sympathique batteur un come-back inespéré en surfant sur des succès passés, ou dévoiler définitivement son point de vue sur des titres indémodables?
Il serait bien entendu fastidieux de jouer au jeu des comparaisons et de conclure que c'était mieux avant. Sans gâcher le suspense, Scorpions ne sera pas déboulonné par ce présent album, principalement parce que Klaus Meine ne participe pas à ce projet et imaginer Scorpions sans ce dernier est aussi absurde qu'une queue sans son renard.
Pourtant, il est hors de question de reléguer cet album dans les oubliettes stagnantes destinées aux happy fews. Le tube 'Rock You Like A Hurricane' ouvre le bal de manière foudroyante, avec rien de moins qu'un Bobby Kimball (Toto) derrière le micro, et la guitare électrique excitée de Michael Voss (Mad Max), qui sonne comme celle d'un Eric Clapton des grandes heures : ce cyclone musical affiche un potentiel énorme... à tel point de reléguer au statut de brise l'original !
'Make It Real' se démarque également de l'original avec un ralentissement de tempo, donnant à l'ensemble les relents d'une ballade nerveuse, à nouveau sublimée par son interprète, Doogie White (Rainbow, Michael Schenker).
La nouvelle version de 'Falling In Love' repose sur le chant très convaincant d'un autre habitué de la maison, Gary Barden, qui pourrait aisément remplacer Klaus Meine au sein de Scorpions. Enfin, 'Animal Magnetism' parie sur une orientation acoustique, via les guitares espagnoles retenant la fée électricité, chauffées à blanc. Les premières s'autoriseront de très rafraîchissantes parenthèses, qui compteront comme les moments les plus innovants de l'album. Derrière les fûts, Herman Rarebell se comporte comme un métronome et semble particulièrement apprécier cet exercice.
Si certaines reprises ne passeront pas à la postérité, ce n'est pas en raison de la section rythmique quasi fidèle aux originaux et irréprochable, mais à des choix vocaux surprenants, qui prouvent a contrario tout le bien qu'il faut penser de Klaus Meine. 'Dynamite' avec les effets vocaux démonstratifs de Johnny Gioelli (Axel Rudi Pell) échoue avec la mention ridicule. Quant à 'Loving You Sunday Morning', il s'égare sur les chemins de la redite. La palme revient pourtant au reggae 'Is There Anybody There' avec la participation vocale énervante de Phil Collins ... pardon, d'Alex Litgerwood (Santana) qui ruine les meilleurs effets de ce morceau.
Avec sa pléiade d'invités, Herman Rarebell évite de se frotter aux clichés de l'album de reprises. Certes, si ces nouvelles versions n'apporteront rien de nouveau à un groupe qui fête ses 50 printemps, cette politique de dépoussiérage s'avère agréable et justifie pour les fans l'achat de ce présent album, qui aurait plutôt dû s'intituler : ''They Sing Scorpions With Herman Rarebell".