Déjà 30 ans que Jimmy Barnes enchaîne les albums solos qu'il classe quasi-systématiquement en tête des ventes en Australie et Nouvelle-Zélande. 30 ans que le bonhomme s'est imposé comme l'une des plus grandes vedettes de l'hémisphère sud, et même plus si l'on rajoute son rôle au sein de Cold Chisel. Oui, mais 30 ans que, en dehors d'une minorité d'initiés au rock australien, la France l'ignore superbement, et ceci même si le chanteur à la voix de feu a vécu quelques années dans l'hexagone pour fuir des problèmes qu'il avait dans son pays. Voilà de quoi comprendre qu'une certaine frustration se soit emparée de l'idole aussie et que ce dernier tente une nouvelle percée sur notre territoire avec cette compilation au format original.
En effet, la version de ce "Hindsight" proposée en Europe est composée de 14 hits pour la plupart interprétés avec des invités. La formule n'est pas nouvelle et le fait de proposer différentes versions de cet opus à travers le monde ne facilitera pas la lisibilité de la discographie de Jimmy Barnes. Cependant, elle a le mérite de dépoussiérer la plupart des titres concernés en leur offrant une nouvelle jeunesse et en prouvant au passage que le chanteur n'a rien perdu de ses qualités vocales bien qu'il approche de ses 60 printemps. Il est d'ailleurs amusant de constater qu'en dehors de sa fille (Mahalia Barnes sur 'Stand Up'), la plupart des vocalistes semblent préférer s'incliner devant le talent et la puissance du maître des lieux plutôt que de prendre le risque de le défier. Il faut bien reconnaître que le bonhomme en impose et qu'il sera difficile de résister à une telle voix pour ceux qui la découvriront à l'occasion de cet album.
Du Hard-Rock puissant et accrocheur d'un 'Lay Down Your Guns' qui rappellera la parenté évidente avec Koritni, à la ballade blues d'un 'Stone Cold' gorgée d'un feeling que la guitare de Joe Bonamassa ne fait qu'amplifier, la démonstration est sans faille. Et bien que la liste des invités soit des plus impressionnantes, aucun ne fait de l'ombre au monument du continent océanique. N'allez cependant pas croire que Jimmy Barnes écrase ses compagnons de jeu. Au contraire, il les pousse dans leurs derniers retranchements, permettant de découvrir une Tina Arena surprenante ('Stone Cold'), un Jon Stevens (ex Noiseworks et ex INXS) décomplexé (le rock pêchu 'I'd Rather Be Blind'), un Keith Urban épanoui ('Good Times') ou un Diesel dont la délicatesse est un parfait complément à la puissance de Barnes ('I'd Die To Be With You Tonight'). Et s'il serait un peu trop rébarbatif de citer tous les titres, il n'en serait pas moins dommage de passer sous silence la présence de Jonathan Cain (Journey) sur 2 titres: l'hymne 'Working Class Man' avec Ian Moss (Cold Chisel) et 'Going Down Alone avec Neal Schon (Journey). Il faut dire que le claviériste avait déjà épaulé Jimmy Barnes à l'occasion de nombreux titres au long de sa carrière, et en particulier pour son excellent album "Freight Train Heart (1987).
Si cet album n'apportera pas forcement grand-chose aux amateurs du rocker australien, d'autant qu'il a déjà eu l'occasion de présenter cette formule ("Double Happiness" – 2005), il n'en sera pas moins une superbe porte d'entrée pour tous ceux qui découvriront enfin cet artiste injustement méconnu dans nos contrées. "Hindsight" sera également l'occasion de constater que cet artiste possède un carnet d'adresse à la hauteur de son talent, ce qui n'est pas peu dire. Si vous vous dites amateurs de Rock au sens large du thème, et que vous ne connaissez pas encore ce chanteur à l'identité aussi forte que le caractère, vous savez ce qu'il vous reste à faire.