Treizième album studio pour les Moody Blues, et petit événement signaler avec l'absence de leur chanteur et flûtiste historique Ray Thomas, laissant ainsi le soin aux seuls Justin Hayward et John Lodge de mener le bal. En revanche, ce qui ne change pas, c'est la production de Sur la Mer, de nouveau confiée, comme son prédécesseur, au mythique Tony Visconti.
Rassurons (ou pas ?) les aficionados du groupe, cette dernière ne diffère pas de celle de The Other Side of Life, ancrant encore un peu plus cet album dans les années 80's. Passée la première plage qui étire sa pop symphonique sur plus de six minutes et qui établit encore un petit peu un lien avec la glorieuse histoire du groupe, les autres compositions nous proposent des mélodies certes toujours aussi immédiates (voire même un peu trop simpliste, cf Vintage Wine par exemple), mais régulièrement accompagnées de claviers dégoulinants bien (trop) typiques de cette décennie. L'exemple le plus consternant de cette glissade FM est fourni par le sirupeux Want to Be With you, qui placé en tête d'album augure de bien mauvaises choses pour la suite.
L'influence de Tony Visconti va permettre toutefois aux Moody Blues de proposer quelques titres déviant quelque peu de cette soupe symphonique devenant indigeste : rythmiques dynamiques et présence récurrente de cuivres et autres saxophones viennent ainsi donner une couleur différente à l'univers habituellement déployé par le quatuor (Here Comes the Week-end ou encore Miracle et sa basse funky). L'auditeur appréciera le changement, ou pas, mais il faut au moins reconnaître ou groupe cette volonté de sortir de leurs sentiers (re)battus. Finalement, Deep viendra conclure cette galette en synthétisant les deux ambiances proposées dans les morceaux précédents, en délivrant une mélodie lente aux accents symphoniques, accompagnée par une section rythmique basse/batterie aux sonorités bien plus modernes, alliage plutôt bien réussi en l'occurrence.
Dans la continuité de l'horripilant The Other Side of Life, Sur la Mer fait voguer les Moody Blues en eaux non pas troubles, mais encore une fois très incertaines, avec l'impression que le groupe ne parvient pas à choisir entre ses influences passées et une volonté plus ou moins avérée de coller avec la modernité d'une époque pas forcément grandiose pour la production musicale. Il en résulte un album là-encore hésitant, et qui génèrera des sentiments partagés au moment de l'apprécier.