L’imagination
des Hard Rockers n'a aucune limite c'est bien connu. Mais là, en
termes d'association improbable et de projet étonnant, nous avons
affaire à du lourd. Car en effet, décider d'associer le vocaliste Jorn Lande avec Trond Holter, le guitariste de feu-Wig Wam,
sur un Opéra Rock ayant pour thème Dracula, il fallait oser. Car
mis à part leur origine norvégienne commune, on peut difficilement
imaginer ce qui pourrait rapprocher le chanteur de Hard Rock/Métal
mélodique de ce guitariste de groupe de Glam, a fortiori autour d'un
tel exercice. Et pourtant "Dracula - Swing Of Death" a bel et bien vu le jour.
Reste à savoir maintenant si cet opus va vous mordre à la gorge
comme le Prince de Valachie ou ne sera qu'un produit exsangue tel qu'il laissait ses victimes.
Ce
qui peut être immédiatement noté c'est que cet Opéra Rock évite
les remplissages attachés au genre que sont les palabres liant les
titres et les ponts instrumentaux, intro ou outro. Dix titres pleins
et entiers, pour une durée de quasi cinquante minutes de Hard Rock
et de Métal mélodique, où le frontman est parfois accompagné
d'une congénère qui lui tient la dragée haute, voilà ce qui vous
attend ici.
Pour
être plus précis et ne pas simplement évoquer ces deux grandes familles musicales,
nous retiendrons qu'au fil de l'écoute de ce "Dracula - Swing Of Death" nous
pouvons croiser ce que proposait Dio (et pas seulement vocalement),
mais également Ark dans certains délires progressifs, voire
alternatifs, qui nous ramènent alors à ce qu'entreprenait Queen.
Peuvent être aussi être entendus, et c'est toujours un plaisir, des
soli tout droit sortis d'albums de Thin Lizzy et des atmosphères dignes
du Whitesnake de "1987". Ajoutez
à cela, et ce de manière ponctuelle, une ambiance de piano bar, des
touches de swing, des passages que n'aurait pas renié Evanescence,
mais également des élans très easy listening/radio friendly.
Une
autre bonne surprise vient de Holter qui nous prouve ici qu'il était
sous-employé chez Wig Wam. En effet, le guitariste démontre sur cet album qu'il peut tout faire avec sa six-cordes, notamment sur 'Queen Of The
Dead' où son solo rendant hommage à Helloween et Trans-Siberian
Orchestra est hallucinant et sur 'True Love Trough Blood', instrumental
melting pot qui balaye tous les styles de solo guitare.
Le
défi relevé par cette association quelque peu incongrue n'était pas gagné
d'avance. Mais étonnamment la réussite est bien au rendez-vous. Ne
vous laissez donc pas tromper par les idées reçues qui pourraient
vous conduire à bouder le produit car cet opus n'est ni un énième
album décevant de Lande, ni un Opéra Rock pompeux, opportuniste et
imbu de sa personne, mais bien une oeuvre habilement troussé de Hard
Rock/Métal mélodique.