Avec "Big Bang Theory", Styx se livre au dangereux jeu de l'album de reprises et revisite 14 classiques parus fin des années 60, début des années 70, à l'exception de 'Blue Collar Man', l'une de leurs propres chansons, parue en 1978 sur "Pieces Of Eight".
L'idée aurait germé après avoir interprété 'I Am The Walrus' au Crossroads Guitar Festival organisé par Eric Clapton en 2004. C'est d'ailleurs avec cette chanson des Beatles que s'ouvre "Big Bang Theory", le nom de l'album se voulant peut-être un clin d'œil à la genèse du rock représentée par ce florilège de titres. Il serait aussi fastidieux qu'inutile de passer en revue les différents morceaux de l'album. Tous sont l'œuvre de grands noms du rock, des Beatles déjà cités aux Who, en passant par Jethro Tull, Free, The Pretty Things, Procol Harum, Ray Charles, The Jimi Hendrix Experience, … Avec de tels calibres, il n'est pas besoin de vanter la qualité des compositions.
Non, ce qui importe dans un album de reprises, c'est avant tout la touche personnelle qu'y met l'emprunteur. Et c'est là que le bât blesse. Car Styx n'apporte aucune originalité dans ses réinterprétations qui, au mieux, ressemblent à s'y méprendre au titre d'origine (Gowan fait une parfaite imitation de Lennon sur 'I Am The Walrus'), mais se prennent aussi régulièrement les pieds dans le tapis (les glapissements ridicules sur la fin du même morceau) ou en oublient les éléments essentiels ('Locomotive Breath' sans la flûte de Ian Anderson !).
Bien évidemment, les musiciens ont de l'expérience et sont loin d'être maladroits. Et comme les chansons portent en elles toutes les qualités pour être séduisantes, il serait malhonnête de prétendre que cet album est désagréable à écouter. Alors pourquoi cette note si sévère ? Simplement parce que, si le nom de Styx n'était pas écrit en gros sur la pochette, bien malin qui les aurait reconnus. La personnalité qui faisait le charme de ce groupe mais qui s'était déjà fortement estompée sur l'album précédent, a ici totalement disparu, Styx s'étant finalement transformé en un cover band lambda sans imagination.
Tant qu'à écouter les chansons de cet album, je ne peux que vous conseiller de vous référer plutôt aux titres originaux. "Big Band Theory" n'intéressera que les collectionneurs compulsifs de Styx.