1991, le Grunge se taille la part du lion dans le marché de la musique, Nirvana sort "Nevermind", mais Rush s'en contrefiche et nous propose "Roll The Bones" son quatorzième album avec une régularité métronomique. Second album du duo entamé deux ans plus tôt avec Presto, les canadiens enfoncent ici le clou dans leur choix de proposer durant cette phase - une tradition chez eux - des synthés moins dirigeants et des guitares en mode revival. Point de retour aux distorsions des années 70, loin s'en faut, mais Lifeson est ici à nouveau le pilote dans l'avion rythmique.
Calibré Rock dur pour les uns et Hard Rock doux pour les autres, "Roll The Bones" reste nuancé. Les claviers sont encore présents mais ils ne sont utilisés que pour teinter les morceaux, y déposer la couleur souhaitée comme la mélancolie dans 'Bravado' ou le romantisme dans 'Big Wheel'. Neil Peart, de son côté, retrouve ses sensations d'antan en remettant la main sur son set de batterie acoustique.
Les canadiens trouvent une fois de plus dans cet opus des mélodies originales qui demeurent une de leurs caractéristiques, elles accrochent sentimentalement l'auditeur. Celles du magnifique 'Ghost Of A Chance', du plus Pop 'Neurotica' et du très Prog 'Heresy 'atteignent ici une certaine apogée. Les titres plus dynamiques équilibrent les morceaux plus en retenue dont 'Dreamline' qui accroche par son intensité ou 'Face Up' qui épate par son approche survoltée.
Et puis il y a le titre éponyme dans lequel Rush nous propose des influences mixées Prog-Funk, éclairé par un refrain Rock mélodique imparable, boosté à la guitare sèche associé à un solo de six-cordes dantesque et pourfendu en son cœur par un passage Rap ! Complètement déroutant mais Ô combien marquant.
Ce quatorzième opus des canadiens n'est pas une de leurs œuvres majeures mais il contient son lot de satisfactions et de curiosités qui ne peuvent que vous emmener à sa découverte. Anecdotiquement, on peut noter que la tournée qui suivit la sortie de "Roll The Bones" vit, pour la première et dernière fois, Rush passer par notre beau pays. C'était le 1er mai 1992 et les murs du Zénith à Paris s'en souviennent encore...