Après des débuts certes remarqués mais pourtant en demi-teinte, Alunah tend à se bonifier avec le temps. Il y a deux ans, "White Hoarhound" dévoilait déjà d'incontestables progrès par rapport à "Call Of Avernus", évolution positive que confirme aujourd'hui cette troisième offrande.
Alliage de pur Doom metal et de chant féminin, l'art des Britannique se veut de fait de plus en plus envoûtant, égrenant une espèce de désespoir tranquille, une mélancolie boisée dont les pinceaux sont autant la voix de Sophie Day que ces riffs d'airain fouillant la terre sombre d'une forêt peuplée de légendes et de mystères, comme le démontre le très beau 'The Mask Of Herne'.
Encore une fois emballé par le maître Greg Chandler (Esoteric) dans l'antre des Priory Studios, "Awakening The Forest" témoigne du soin accordé aux lignes mélodiques consenti par ses auteurs lesquels, même s'ils ont ont toujours les pieds comme prisonniers d'une gangue terreuse, savent napper leur Doom d'un voile de beauté, une beauté aussi précieuse que séduisante à l'image du titre éponyme plein d'une grâce plombée et hanté par de délicates guitares.
C'est d'ailleurs dans cette ambivalence que les Anglais parviennent à extraire leur singularité, leur marque de fabrique, traits pesants enrobés de velours. Tout du long de ces six plaintes (dont le bonus 'The Summerland') aux durées conséquentes mais sachant éviter les longueurs que ce format peut générer quand il n'est pas maîtrisé, les aplats sabbathiens se conjuguent à une candeur néanmoins minée par une tristesse évanescente, qualité parfaitement illustrée par 'Scourge And The Kiss' dont les riffs sont dignes du gaucher toujours de noir vêtu.
Plus serein que véritablement lancinant, jamais le rythme ne s'emballe vraiment sans être pourtant paresseux. Du coup, l'album ne s'abîme pas dans un monolithisme fâcheux, oeuvre au contraire pleine de magie dont on regrette presque qu'elle ne soit pas plus longue.
Fort d'une exposition accrue depuis qu'il a rejoint les rangs de Napalm Records, Alunah devrait voir son succès grandir. Il le mérite amplement, surnageant au-dessus de tous ces groupes associant doom et chanteuse en une recette à la mode. Les Britanniques possèdent un style qui n'appartient qu'à eux, signature chaleureuse affirmée par ce superbe "Awakening The Forest'.