Depuis presque 2 décennies et l'avènement de Quidam, la Pologne est devenue l'un des bastions du néo-progressif, et il ne se passe pas une année sans que de nouveaux groupes fassent leur apparition dans un genre aussi encombré qu'il est décrié par les intégristes progressifs enracinés dans les codes des 70's. Toute cette introduction pour vous présenter Corral, nouvelle formation polonaise comportant en son sein deux couples (ou fratries ?), et qui nous propose en cette année 2014 sa première galette.
L'introduction instrumentale de Revenant plante rapidement le décor, avec des claviers spatiaux et une guitare évoquant Violet District ou encore Weend'ô. Impression vite confirmée dès les premières mesures de Music in my Head, : claviers et guitares emplissent l'espace, avec un gros son, surmonté par la voix enchanteresse de Agnieszka Kot, avant qu'un soupçon d'agressivité vienne compléter le tableau. La musique des frenchies sus nommés n'est effectivement pas très lointaine, même si l'expressivité qui sied si bien à Laetitia n'est pas de mise ici. C'est d'ailleurs ce manque de variété dans son chant qui va poser les limites de la musique de Corral, car pour le reste, le néo-progressif servi ici est plutôt de qualité : variété des mélodies, breaks instrumentaux, section rythmique à la hauteur et soli de guitares bien sentis, tout est réuni pour passer un agréable moment, dans la lignée de références comme Riverside ou Shadowland.
Les adeptes d'ambiances un peu plus métalliques se régaleront d'ailleurs à l'écoute de Myself ou plus encore du superbe Through the Touch au cours duquel Grzegorz Kot laisse libre cours à son inspiration et nous démontre une virtuosité à la guitare proprement époustouflante. Malheureusement, le chant trop linéaire d'Agnieszka vient quelque peu plomber le tableau. Non pas que la belle ne dispose pas d'un organe avantageux, bien au contraire. Simplement, elle peine à varier ses ambiances, étant plus à l'aise dans les passages calmes que dans les parties plus engagées (un peu à l'opposé de la chanteuse de Mad Artwork pour laquelle j'ai récemment formulé la remarque inverse !).
Malgré ce petit bémol, Revenant reste une production qu'il convient de ne pas laisser de côté et l'oublier au milieu des multiples sorties néo-progressives polonaises (et notamment celles de leur label Lynx) serait à la fois injuste et peu mérité. Sans être incontournable, cet album mérite néanmoins qu'on lui donne toute sa chance.