Nouveaux (même si leur âge plaide le contraire) venus dans l'écurie Progressive Promotion, le trio allemand d'Eyesberg nous propose son premier album simplement intitulé Blue, avec le renfort à la batterie du titulaire du poste chez leurs homologues d'Argos.
Présentant douze plages aux durées relativement courtes, ce premier effort studio se veut un alliage entre le néo-progressif tel que balisé depuis la fin des années 80, et l'héritage des glorieux anciens de la décennie précédente. Et les premiers instants de Blue vont effectivement rapidement rassurer l'auditeur quant à la réalité de cette présentation. Child's Play évoque dès ses premières mesures les claviers typiquement néo de Landmarq, avec un développement qui rapprocherait le groupe de Tristan Park et autres Primitive Instinct. Epitaph va ensuite lorgner plus que de raison du côté de Camel et Genesis, avec toutefois des arrangements bien moins somptueux que ces illustres références.
Et c'est là que le bât va plutôt blesser tout du long de cette heure musicale. Oscillant en permanence entre ces deux tendances, Eyesberg passe parfois à côté de son sujet, notamment en raison du manque de développements de la majorité des titres. La musicalité est bien présente, les mélodies plutôt inspirées, mais lorsque le groupe part vers les 70's, les arrangements manquent de profondeur, tandis que du côté plus clair de la force (i.e. la tendance néo-progressive), les titres manquent d'une progression marquée qui ajouterait un soli par ci, un développement instrumental par là, afin de contenter des sens simplement mis en éveil par un menu alléchant mais à la réalisation finalement un peu fade.
Le parfait exemple de cet état est illustré par Feed Yourself qui, pourtant dotée de 8 minutes propices à tous les développements, et forte d'une entame prometteuse, finit par tomber à plat. Dans un registre plus condensé, Eyesberg nous propose également des titres plus courts tels Porcelain ou S II qui là encore, manquent d'ambition pour parvenir à nous passionner et nous retenir un peu plus que quelques instants.
Loin d'être raté, Blue peine cependant à convaincre, manquant du petit quelque chose qui transforme un essai prometteur en réussite incontestable. L'idée consistant à vouloir fusionner deux univers que beaucoup de choses opposent est certainement ambitieuse, mais pas pleinement réussie dans le cas présent. Reste un album agréable, que certains enseignants pourraient qualifier d'honnête, sans plus.