Bâti sur les cendres encore chaudes d'Isopoda, groupe belge fondé il y a environ 40 ans par les deux frères De Schepper et auteur d'un premier come-back en 2004, Fossil Evolution voit son histoire se percuter avec le groupe d'origine de son fondateur, Arnold de Schepper : créée peu de temps avant le deuxième retour d'Isopoda en 2013, cette nouvelle formation voit le bassiste s'entourer de … 3 de ses fistons, auxquels devait s'adjoindre dans un premier le claviériste d'Isopoda, avant que sa disparition prématurée n'entraine son remplacement par un ami d'enfance.
World in Motion se présente donc comme le premier album de cette formation, incluant cinq titres originaux et une reprise allongée d'un titre d'Isopoda (Considering). L'entame proposée par Beautiful Colour plante immédiatement le décor : bienvenue dans le néo-prog des années 80/90, avec une forte teinte d'IQ pour cette première plage interprétée mid-tempo, et la plupart des bons ingrédients généralement constatés dans ce type de musique. La mélodie est accrocheuse, les claviers très présents, le soli de guitare qui va bien tombe quand il le faut et quelques ruptures rythmiques viennent agrémenter l'ensemble lorsque le chant se cache pour laisser la place aux instrumentistes. Rien de révolutionnaire dans tout cela, mais le tout est plutôt bien fait et agréable à écouter.
La suite va infléchir quelque peu la tendance vers un néo encore plus mélodique et symphonique : World in Motion et Next Time vont déployer leurs mélodies travaillées en lorgnant du côté d'Unitopia, tandis qu'au fil des minutes, le style va pencher de plus en plus vers Knight Area, à force de claviers emplissant l'atmosphère et de quelques séquences de guitare légèrement tranchantes. Un point commun et un léger bémol toutefois à tout cela, une rythmique plutôt paresseuse qui, à force de mid-tempo quasi-permanent, finit par engourdir quelque peu l'auditeur en mal de quelques variations.
Celles-ci vont néanmoins survenir avec Oblivion, titre 100% instrumental et plutôt bien carrossé, permettant aux interprètes de se lâcher quelque peu (tout est relatif), en enchaînant de nombreuses séquences maintenant les sens en éveil tout du long de ses 9 minutes. Et loin de relâcher son effort, le groupe va poursuivre sur sa lancée avec Considering, magnifique composition au thème enjôleur, enrichie par rapport à sa version originale sur le 1er album d'Isopoda. Les 13 minutes de celle-ci permettent au quintet de voguer sur des eaux musicales très vastes, passant sans vergogne d'un progressif symphonique en diable à l'ambiance feutrée d'un club de jazz, avant un retour par la grande porte et des soli en veux-tu en voilà qui, sans être particulièrement techniques, touchent immédiatement au cœur des émotions. Le tout en sort encore grandi après une dernière reprise du thème principal au piano seul, déclenchée après quelques secondes de silence permettant encore mieux d'en apprécier la beauté intrinsèque.
Au final, World in Motion se révèle comme un album certes sans grande surprise, d'autant qu'il évolue dans un genre bien balisé et surtout très encombré par de multiples formations, mais qui se révèle d'une écoute agréable et dont il serait fort dommage de se priver.