Malgré deux victoires probantes dans un concours national suédois, ponctuées par un prix et 2 belles tournées en Suède puis en Belgique, il aura fallu 8 longues années à Gabbi Dluzewski, fondateur de Mad Artwork, pour assembler le line-up idéal requis par ses espérances musicales et aboutir enfin à la sortie de la première production du groupe, I Still Breathe.
Composée de quatre longues pièces, cette galette se veut le reflet des ambitions de son principal créateur, à savoir une opposition permanente de styles, entre référence à ses anciens héros (Deep Purple, Led Zeppelin entre autres) et modernité de ton. G. Dluzewski insiste ainsi sur la cohabitation des extrêmes, du blanc et du noir, de la vie et de la mort, ou encore du "soft" au "hard", résumant le tout en une formule très appropriée conviant "Dr Jekyll and Mr Hide" à sa table musicale.
Et s'il arrive que du discours aux actes il y ait quelquefois quelques pas de géants, ce n'est assurément pas le cas ici puisque Mad Artwork va promener l'auditeur dans un patchwork musical assez étonnant, mariant du pur progressif années 70 porté par des sonorités organiques à la Jon Lord avec d'incroyables riffs métalliques, entrecoupant le tout de passages atmosphériques du plus bel effet, avant pourquoi pas d'y ajouter un interlude celtisant complètement à l'opposé de la furie instrumentale en vigueur quelques secondes auparavant.
Incontestablement, ce groupe est taillé pour la scène, et ce n'est pas la cadence (au sens "classique" du terme) instrumentale présente sur la plage titre qui nous indiquera le contraire, Mad Artwork retrouvant ici le souffle épique jadis gravé sur un double vinyle intitulé "Made in Japan" (dont je ne ferai l'injure à personne de rappeler les géniteurs).
Mais, une telle musique ne saurait être portée par un exécutant quelconque derrière le micro. Dernière pierre de l'édifice, recrutée dans le groupe après une prestation scénique époustouflante, la chanteuse Terese Tezzi Persson insuffle une énergie folle aux différentes compositions, avec une expressivité maximale que l'on pourra même trouver parfois excessive. Il n'empêche qu'elle se révèle comme l'interprète idéale de cette musique, totalement en phase avec la philosophie des extrêmes revendiquée et assumée par le quintet.
Au final, ce I Still Breathe nous propose un voyage en immersion totale dans ce qui fait l'essence de la musique progressive, fait de surprises, de variations d'ambiances, le tout distillé par des interprètes de grand talent garantissant à l'heureux acheteur de cette galette de nombreuses écoutes passionnées et passionnantes.