Black
Star Riders est né des cendres de Thin Lizzy en l'an 2013, soit
trente ans après la sortie de "Thunder And Lightning", le dernier album des
compères de Phil Lynott. Prés de deux ans après un "All Hell Breaks
Loose" largement apprécié, "Killer Instinct", second opus de la bande
à Scott Gorham, nous offre une nouvelle madeleine de Proust en
distillant une fois encore quelques effluves du grand dinosaure
disparu.
Le
bassiste Marco Mendoza a quitté le navire - remplacé par Bobbie
Crane, exfiltré de Ratt - mais Scott Gorham, unique résistant de
l'entité lyzzienne originelle est toujours présent, tout comme Ricky
Warwick le frontman. Le jeu de guitare du premier et les intonations
du second, si proches parfois de celles de Lynott, sont les
ingrédients majeurs qui nous ramènent au groupe irlandais, Damon
Johnson – le second guitariste - n'y étant pas étranger toutefois
puisqu'il a été prépondérant dans la composition des morceaux.
La
pomme n'est donc pas tombée loin de l'arbre comme le veut l'adage.
Cependant, il serait réducteur d'évoquer ici un clonage, a fortiori
sur ce second opus où Black Star Riders s'émancipe et fait valoir
plus clairement que sur son premier essai ses intentions propres.
Pour preuve ce 'Blindsided', power ballad à la Lynyrd Skynyrd, ce 'Sex
Guns & Gazoline' avec son
chant rebelle sur le refrain et son solo hendrixien à la Wah-Wah ou
bien ce 'You
Little Liar' de plus de sept minutes qui clôt l'album de manière
quasi progressive et qui offre une richesse d'expression
instrumentale indéniable.
Au-delà
de ces quelques infidélités au Maître, de nombreux titres déposent
sur son autel quelques perles déférentes. Le titre éponyme
notamment, tout comme 'Bullet Blues', 'Finest Hour' et ses
sha-na-na-na-na-na-na si caractéristiques , morceaux où l'ombre de "Chinatown" se détache nettement, sans oublier 'Soldierstown' qui quant
à lui ramène à "Black Rose".
Pour
profiter pleinement du produit, il est fortement recommandé de jeter
votre dévolu sur la version « de luxe » de l'opus. Elle ne comporte en effet pas moins de six pistes bonus, quatre versions
acoustiques vraiment réussies de titres de l'album et deux morceaux
inédits, l'un acoustique (un 'Gabrielle' fleurant agréablement
Thin Lizzy une fois encore) et l'autre électrique (le fort mordant 'The Reckoning Day').
Le
puissant "Thunder And Lightning" n'aura vraisemblablement pas de petit
frère – John Sykes et ses intentions métalliques ont depuis
longtemps quitté le navire – mais il vient d'hériter d'un second
petit cousin avec ce "Killer Instinct". On peut compter sur Black Star
Riders pour agrandir dans l'avenir la famille. Phil Lynott peut être
satisfait, c'est avec respect que ses héritiers perpétuent sa
mémoire.