S'il avait fallu quatre ans pour voir débarquer le successeur de l’album éponyme augural, One-Way Mirror revient avec "Capture" trois ans après la sortie de "Destructive by Nature" et contrairement à son prédécesseur, point de changement de line-up qui avait vu la section rythmique totalement remaniée. Non, la vraie question qui se pose ici est de savoir si "Capture" divisera autant que ses devanciers.

En effet, One-Way Mirror se veut une vulgarisation mainstream du metal moderne à la croisée des chemins empruntés par Guillaume Bideau au sein de ses projets (Scarve, Mnemic), à savoir un death mélodique dont il repousserait les limites vers une accessibilité pop. Une recette risquée par essence et les premières notes de 'Stinkin’ of Gold' ne viennent que confirmer ce postulat de base. C’est donc sans surprise que le résultat de ce troisième méfait s’avère le prolongement naturel de ses prédécesseurs : une compilation de douze "tubes" catchy portés par des riffs incisifs et des refrains entêtants. Depuis son premier album éponyme, One-Way Mirror n’a de cesse de repousser les limites d'une même recette versatile jouant sur les contrastes à l’image de la prestation vocale bluffante de Guillaume Bideau, allant du growl au refrain clair ponctué d'accents pop en passant par des flows rappés du meilleur effet, validant ainsi l’affiliation néo-metal avec un certain Linkin Park ('F**k your Autotune').

Cependant résumer la formule One-Way Mirror à une seule et même recette portée par la prestation haute en couleur de Guillaume Bideau serait une erreur. En effet, pour l’occasion, le groupe s’aventure dans de nouvelles contrées par l’entremise d’un beat électro rafraîchissant ('Warnings') sur lequel Clément Rouxel fait une nouvelle fois étalage de son génie musical sans frontière. Celui-ci, outre accentuer l’aspect groovy des compos et contribuer à l’identité sonore de One-Way Mirror avec son jeu distinctif, nous glisse le fameux plan estampillé Phil Collins popularisé sur 'In the Air Tonight'. De la même façon, les guitares incisives de frères Potvin témoignent de cette richesse sans limite, David s’accordant le luxe de glisser quelques gimmicks qui pourront évoquer ceux d’un certain Steve Vai ('Screenshot' ou 'Lady Marmelade').

A cet égard, il est impossible de passer sous silence la reprise du standard 'Lady Marmelade' de Patti LaBelle. Ce qui peut paraître une surprise pour ceux qui découvrent le groupe n’en est pas une quand on sait que chaque album de One-Way Mirror comporte sa reprise décalée. Cette tradition instaurée depuis la reprise de 'Relax' de Frankie Goes to Hollywood pourrait facilement être abandonnée sans qu’aucun des albums du groupe n’en souffre, tant le résultat est mitigé. Mais comme le titre final semble l’indiquer ('We Love to Complain'), Guillaume Bideau n’en a cure sachant pertinemment que quoi qu’il fera, son travail prêtera toujours à contestation.

Bref, en réponse à la question introductive, "Capture" ne fera que confirmer les propos antagonistes qu’essuie le groupe depuis ses débuts : ceux qui adorent le mainstream metal de One-Way Mirror porteront aux nues cette nouvelle offrande quand les autres le honniront de plus belle… De façon plus objective, nous dirons qu’il faut prendre "Capture" comme il se doit, à savoir un album qui ne révolutionnera certes pas le paysage metal - sachant que Guillaume Bideau n’en a jamais eu la prétention - mais bel et bien comme un album de tubes catchy à écouter sans arrière-pensée…