Après 2 excellents albums, Survivor a affirmé une identité forte qui lui permet d'exister à part entière au sein du paysage Aor US. Pourtant, il lui manque encore le hit incontournable qui lui ferait intégrer une élite déjà formée par des groupes tels que Journey, Foreigner ou Boston. Le coup de pouce va venir de Sylvester Stallone qui a sympathisé avec les membres du quintet et qui leur demande de composer un titre pour Rocky III, son prochain film. L'effet est immédiat, ce morceau bénéficiant non seulement d'une exposition médiatique hors normes, mais étant également d'une qualité telle qu'il deviendra un hymne planétaire dépassant largement les frontières de son style musical.
Le riff de guitare de 'Eye Of The Tiger' va ainsi s'installer aux côtés des 'Highway To Hell', 'Smoke On The Water' et autres 'La Grange' ou 'Start Me Up', devenant au passage l'incontournable de toutes les salles de boxe du monde. Mais s'il serait inutile de s'étendre sur ce titre que seuls les sourds n'ont jamais entendu, il serait également dommage de réduire l'album "Eye Of The Tiger" à son seul titre éponyme, aussi légendaire soit-il. Car s'il est effectivement difficile d'exister dans une ombre aussi imposante, les autres morceaux valent le détour et se révéleront comme de belles pièces d'Aor musclé à ceux qui voudront bien prendre la peine de ne pas s'arrêter au monumental single d'ouverture.
Majoritairement composés par Frankie Sullivan, ils font la part belle aux guitares, rappelant AC/DC sur le percutant 'Hesitation Dance' dont le refrain fait l'effet d'un direct en pleine face. Plus FM, 'Children Of The Night' n'en est pas moins accrocheur, bénéficiant de chœurs bien travaillés sur son refrain, au même titre que 'The One That Really Matters' au riff plus gras. N'allez pas croire pour autant que Jim Peterik se contente de jouer les seconds guitaristes de luxe au service de son compère. Il s'impose également comme un claviériste de premier ordre le temps de l'enlevé 'Feels Like Love' à l'enthousiasme communicatif, ou plus encore sur un 'American Heartbeat' aux synthétiseurs prégnants et au refrain imparable. Les autres sommets à ne pas manquer sont un 'I'm Not That Man Anymore' variant le tempo entre les couplets et les refrains et finissant sur un long solo de guitare gorgé de feeling., et la jolie ballade 'Ever Since The World Began' qui profitera d'un réenregistrement par Jimi Jamison en 1989 dans la cadre du film Haute Sécurité avec… Sylvester Stallone.
Bénéficiant de l'élan créé par son incontournable titre éponyme, "Eye Of The Tiger" s'impose donc comme un album incontournable du Rock en général et de l'Aor en particulier. Il permet à Survivor d'enfin bénéficier de la reconnaissance qu'il mérite tout en mettant la formation de Chicago sous pression. En effet, le quintet sera forcément attendu de pied ferme pour son prochain opus et il n'est jamais aisé de donner un successeur à une telle œuvre, le public se faisant plus exigeant et sans concession pour quiconque ne répondrait pas à ses attentes.