Lors de ses précédentes aventures, Pat O'May, notre barde électrique suractif, nous avait emmenés dans un voyage aux racines de la Bretagne celtisante, largement cautionné par quelques pointures du genre (Alan Stivell entre autres). Après ses participations aux projets d'Alan Simon, le voici de retour avec un huitième album solo une nouvelle fois masterisé dans les fameux studios d'Abbey Road.
Loin de répéter la recette qui a fait le succès de "Celtic Wings", Pat O'May n'en néglige pourtant pas ses origines et l'on retrouve bien naturellement la patte celtisante de l'artiste sur un titre comme 'Mickael's Calling', ou plus généralement dans certaines sonorités de sa guitare qui rappellent régulièrement l'appartenance du musicien à cette terre. L'autre facette du guitariste réside évidemment dans son amour d'un hard-rock bien pêchu, porté par une maîtrise sans faille de son instrument, sans qu'elle n'en devienne démonstrative. On notera à cet égard l'absence de shred, au profit de soli soignés venant ponctuer des titres à l'énergie communicative ('No Religion', 'Break Out' entre autres), avec toujours ce souci de nous proposer des mélodies marquantes. L'effet est bien entendu immédiat, et pour ne pas tomber dans la facilité, notre artiste sait également varier les ambiances au sein d'un même titre, proposant des passages plus calmes qui permettent de conserver une attention de tous les instants.
Avec tous ces ingrédients, Pat O'May aurait très bien pu s'arrêter là et cette nouvelle production aurait été d'un bon niveau, bien dans la lignée de ses prédécesseurs. Mais, et c'est là toute la patte qu'un artiste peut apporter à son oeuvre pour la rendre encore un peu plus essentielle, notre homme est allé chercher plus loin (en Bulgarie en l'occurrence !) ce qui va faire toute la différence, en incorporant un orchestre symphonique à deux de ses compositions, et notamment 'On the Moor'. Placée en début d'album, cette pièce progressivo-symphonique est tout simplement éclatante de beauté, le mariage entre le toucher du guitariste et les cordes de l'orchestre étant carrément magique et vecteur d'émotions fortes, au point de nous faire regretter que la recette n'ait pas été répétée plus avant (en-dehors de l'instrumental Little Big Horn).
Avec cette nouvelle corde à son arc, Pat O'May nous délivre un album en tous points remarquable, accessible au plus grand nombre sans être banal, se démarquant avec brio des autres guitar hero en insistant plus sur la qualité de la musique et des émotions qu'elle transmet que sur la simple mise en valeur de sa technique. "Behind the Pics" est donc chaudement recommandé.