On avait laissé le groupe italien Sailor Free avec un album-concept mitigé. 'Spiritual Revolution Part I' œuvrait dans le metal progressif cheap et totalement dépourvu d'âme et d'originalité. Pour colorer son successeur, le groupe a choisi d'abandonner le metal et le progressif, en pariant plutôt sur un rock atmosphérique à tendance minimaliste.
Dès la deuxième piste, on se prend à espérer que le groupe a enfin compris comment apporter un regard neuf dans ses inspirations. 'The Maze Of Babylon' se présente comme une synthèse audacieuse de King Crimson, conjuguant une ballade triste (certes sans l'émotion de la voix de Greg Lake) avec un riff imparable tout droit issu du second album ''In The Wake Of Poseidon''. Le chant grave sur 'The Fugitive' créée une atmosphère planante, renforcée par la discrétion des guitares et pourrait rappeler le Depeche Mode d' ''Exciter.'' Avec son piano glacial, et son chant déformé, 'Amazing' se rapproche des ambiances de cabaret nocturne des Slovènes de Devil Doll. Le morceau se fait orageux en fin de parcours sous la pression des guitares avant de reprendre là où il en était resté.
Pourtant le reste de l'album n'est pas à la hauteur de ces pistes réussies. Première erreur : le groupe a voulu insérer des instrumentaux. L'introduction inquiétante de 'Society' et ses percussions tribales proches de Dead Can Dance, soutenue par une ligne de clavier aurait pu être un chef-d'œuvre. Malheureusement, le morceau s'éteint doucement après avoir timidement esquissé une atmosphère remarquable. 'Game Over. It's Me', plus nerveux, tue également dans l'œuf une énergie qui rappelle l'album précédent. Le groupe se saborde lui-même en nous donnant l'impression de livrer un brouillon plutôt qu'une copie finale à l'image d 'About Time', qui démarre avec une atmosphère feutrée, mais qui prend du plomb dans l'aile avec un refrain exsangue. Quant à la dernière piste, 'Revolutionary Cosmos', elle manque cruellement de panache. Et que dire de 'We're Legions', pourtant entraînante avec ses soli de guitare enchaînés, son orgue spectral et sa voix sinistre, mais qui se termine par une pantalonnade grotesque : le groupe s'auto-congratule en studio de la piste entendue.
Avec la deuxième partie de son concept, le groupe romain manque toujours d'énergie. Son choix porté sur un rock atmosphérique minimaliste aurait pu être gagnant si le groupe avait daigné apporter un peu plus d'intérêt à ses compositions.