Si je vous dis "The Moody Blues", vous me répondrez dans un bel ensemble "Nights In White Satin". Quoi de plus logique, ce slow langoureux ayant permis au groupe de passer à la postérité pour avoir facilité les relations amoureuses d'une génération de jeunes adolescents. Ce titre, paru en 1967, figure sur l'album "Days Of Future Passed" souvent considéré à tort comme le premier album du groupe. En effet, les Moody Blues avaient déjà enregistré un premier disque en 1965 baptisé "The Magnificent Moodies", rien que ça !
Soyons clair ! "The Magnificent Moodies" est aux Moody Blues ce que "From Genesis To Revelation" est à Genesis : un premier galop d'essai qui ressemble bien peu aux albums qui vont lui succéder. Il faut dire que l'effectif de la période dorée du groupe n'est pas encore au complet : si Mike Pinder, Ray Thomas et Graeme Edge sont à leur poste, il manque encore John Lodge et surtout Justin Hayward, le futur compositeur du fameux 'Nights In White Satin'.
Leurs prédécesseurs se nomment Clint Warwick qui va rapidement abandonner la musique pour se consacrer au beau métier de charpentier et Denny Laine qui formera avec Paul McCartney en 1971 le groupe Wings pour lequel il cosignera notamment le tube 'Mull Of Kintyre'. Pour l'heure, si Denny Laine compose bien quelques titres avec Mike Pinder, la plupart sont des reprises puisées au répertoire du rhythm'n'blues et du rock'n'roll, les quatre compositions originales du groupe ne se démarquant pas, si ce n'est par leur relative médiocrité, des autres chansons constituant cet album.
La musique est très proche des stéréotypes des années 60 : des titres courts, deux couplets, deux refrains, un pont, reprise d'un couplet/refrain, le tout en moins de trois minutes, et on passe à la chanson suivante. Les instruments servent essentiellement à accompagner le chant, sauf le temps d'un solo bien sage de guitare, de piano ou parfois d'harmonica ou de flûte. La façon de chanter a bien vieilli, la mode de l'époque privilégiant un style ampoulé et démonstratif, un peu trop appuyé, où la révolte se manifestait à grands coups de Yeah Yeah (d'où naitront les yéyés) que ne nous épargne pas Denny Laine.
Pourtant, la même année, d'autres groupes font preuve d'une bien plus grande imagination : les Beatles sortent "Rubber Soul" et "Revolver" n'est pas loin, les Byrds "Mr Tambourine Man", les Kinks "Kinda Kinks", les Who "My Generation, les Rolling Stones "2" et "Out Of Our Heads" sur lequel figure 'Satisfaction'. Il y a un fossé entre le R'n'B gentiment conventionnel des Moody Blues et des brûlots comme 'My Generation' et 'Satisfaction'. Et la reprise de 'Time Is On My Side' ajoutée en bonus à l'édition CD fait bien gentillette à côté de ce qu'en font les Stones à la même époque.
"The Magnificent Moodies" s'adressent aux amateurs de Chuck Berry, Jerry Lee Lewis et autres James Brown ou aux collectionneurs les plus acharnés des Moody Blues. Pour les autres, il est fort probable que ce disque leur semblera bien désuet.