Septième album studio de Pallas, wearewhoweare a été réalisé grâce à un financement participatif (qui a d'ailleurs rapidement explosé le montant initialement souhaité). Pour un groupe jouissant d'une telle histoire et dont la place dans le renouveau du rock progressif dans les années 80 est incontestable, il est tout bonnement consternant d'en arriver à une telle extrémité. Cependant, le bon côté de la chose est que le groupe a pu disposer d'une totale liberté de mouvements pour la réalisation de ce nouvel album, immédiatement traduite dans un titre on ne peut plus évocateur.
Ceux qui trouvaient (comme votre serviteur d'ailleurs) que le propos de Pallas tenu sur les deux précédents albums flirtait par trop avec le métal vont être rapidement rassurés par la tonalité proposée tout du long des huit compositions de cette nouvelle production, qui s'avèrent nettement moins rentre-dedans que celles de The Dreams of Mens et à un degré moindre XXV. Néanmoins, le style néo-progressif caractéristique du groupe se retrouve déployé dès Shadow of the Sun, titre à la rythmique accrocheuse portée par la basse frétillante de Graeme Murray, avec des couplets lorgnant vers IQ tandis que le refrain est typiquement "Pallas", gros son et chorus symphonique de claviers, sans que le qualificatif de pompeux ne puisse lui être associé. Et c'est peut-être bien là que se niche une bonne par de la différence d'avec le Pallas antérieur (on regrettera toutefois le déplorable fade-out qui clôture cette première plage enthousiasmante).
Cette recette va bien entendu être régulièrement réutilisée, notamment dans le splendide Winter is Coming qui clôture l'album, mais le propos des écossais va prendre une tournure particulièrement sombre, qu'il s'agisse du complexe Dominion ou encore avec Harvest Moon, dont la lente montée en puissance va subitement s'interrompre pour proposer un final bien plus calme, propre à introduire And I Wonder Why et sa fausse allure de single radiophonique, mais aux atours plus légers qu'à l'habitude. C'est également un titre semble-t-il assez personnel et en tout cas plutôt intimiste qui va définitivement consacrer l'indépendance du groupe vis-à-vis de toute forme d'influence "commerciale". Bien loin des effets de manche et du gros son que le groupe a pu déployer, In Cold Blood offre une belle respiration toute en douceur plutôt inédite dans la discographie de la formation.
Album d'un groupe sûr de sa maturité, symbolisée par la prestance rassurante de Paul Mackie qui a éclipsé le titulaire précédent, wearewhoweare présente un équilibre intéressant entre les différentes facettes de Pallas. Plus complexe qu'il n'y parait au premier abord, il ravira à n'en pas douter ses habituels aficionados, et se dévoilera au fil des écoutes à ceux qui iront au-delà de leurs idées préconçues sur cette formation.