Mais loin de se reposer sur ses lauriers, Thiefaine a vite remis le couvert et nous propose en cette fin d'année son 17eme album, réalisé avec son fils Lucas. Il a la lourde tache de succéder à l'un de ses meilleurs albums qui évoluait avec grâce entre poésie, tendresse et mélancolie. 

"Stratégie de l'Inespoir" permet de replonger avec délice dans cet univers sombre mais d'une telle beauté que la noirceur en devient magnifique. Thiefaine, le long de ses 13 chansons, se fait touchant, revendicatif, désabusé, mystérieux et poète. Il se fait sensible et père en passant le relais sur le très beau 'Père & Fils', il se fait fripon sur un surprenant et désenchanté 'Mytilène Island'.

Mais l'homme est surtout toujours aussi loin du politiquement correct. A cet effet 'Karaganda (Camp 99)', véritable sommet de l'album par la force de son texte et la rage de sa musique, est une charge forte contre les crimes de Staline et contre une certaine idéalisation du communisme. Ensuite Thiefaine dénonce une Église qui a trahi ses idéaux sur un 'Angelus' de toute beauté, règle ses comptes avec l'école sur 'Résilience Zéro' et enfin interpelle ses auditeurs dans un 'Médiocratie' qui dénonce l'hypocrisie du genre humain et la disparition des rapports simples entre les gens. Enfin il ne faut pas mettre de côté 'Retour à Celingrad', écrit en hommage au poète maudit que fut Céline. Même si le thème est sujet à controverse, force est de constater le talent de conteur du bonhomme sur ce superbe morceau.