Après
avoir associé Stryper à Dokken (Sweet et Lynch) et Masterplan à
Wig Wam (Lande et Holter) en ce début d'année, le Label Frontiers
continue son boulot d'agence matrimoniale du Hard Rock et nous
propose aujourd'hui une nouvelle expérience de mixité musicale avec
Revolution Saints qui voit convoler en justes noces Journey, Night
Ranger et Whitesnake. Faisant fi du courroux des foules puritaines et
bien-pensantes c'est bien un trio qui consacre ici son union. Le nom
des heureux mariés devrait faire se lever plus d'un sourcil chez
les amateurs de Hard Rock mélodique, puisqu'ici se présentent
devant les convives de la noce : Deen Castronovo (batteur/backing
vocals chez Journey), Jack Blades (bassiste/vocaliste chez Night
Ranger) et Doug Aldritch (ex-guitariste chez Whitesnake).
Cet
album éponyme de Hard Rock mélodique a un leader, ça s'entend, ça
se sent, Castronovo est aux manettes et ce pour trois raisons.
Premièrement car c'est par sa voix que passent sans équivoque toutes les émotions
qu'insuffle cet opus. Secondement car c'est
bien sa frappe chirurgicale qui métronome la gite du navire. Elle lui permet de glisser avec fluidité sur les eaux porteuses, qu'elles soient déferlantes ou qu'elles se fassent mer d'huile, l'opus
offrant alors, sur quelques balades, des instants d'émotion pure.
Troisièmement car cet album exhale, et ce de manière extrêmement
prégnante, Journey à plein appendice olfactif, le groupe de
Castronovo étant en effet présent en filigrane quasiment sur tous
les titres de l'objet.
A
l'épicentre de ce maelstrom mélodieux on sera emporté par 'Back
On My Trail' qui aurait trouvé sa place avec aisance sur l'album "Frontiers" des susnommés, la prenante Power-ballade 'You're Not
Alone' où la voix d'Arnel Pineda – le vocaliste de Journey –
vient se mêler magnifiquement aux élans plein d'emphase des propos
et 'Here Forever' un diamant brut de mid-tempo où Castronovo est
bouleversant et dans lequel Aldritch distille un solo au diapason.
Mais
ce serait un acte manqué d'oublier 'Turn Back Time' où Blades
vient épauler Castronovo et poser sur le titre sa patte Night
Ranger, la ballade 'Way To The Sun' où la troisième voix d'
Alessandro Del Vecchio (Hardline) – producteur, claviériste et
songwriter sur l'opus – ainsi que le talent guitaristique de Neal
Schon (Journey) viennent parfaire l'ensemble. Ce serait également
regrettable d'omettre de citer 'Dream On' qui nous ramène à
l'époque ou Steve Perry survolait "Escape", 'Locked Out Of
Paradise' où on retrouve son ombre mais en version Métal, comme
sur la ballade 'Don't Walk Away' qui rappelle les fulgurances de 'Faithfully (“Escape”). Comment ne pas citer par ailleurs 'How To Mend A Broken Heart' la reprise du tonitruant titre
d'Eclipse (“Are You Ready To Rock” - 2008) et la ballade 'In
The Name Of The Father' qui clôt l'album sur une performance de
haute volée de Castronovo et d'Aldritch et vous laisse l'entièreté
de la surface de la peau en mode gallinacée transi.
Voilà
bien un album pour les die-hard fans de Journey vous l'aurez compris.
Un album à la fois guidé par un hommage respectueux aux
inspirations des 80's, mais également habité par une forte volonté
d'offrir au projet un notable modernisme dans les sonorités. De
l'art d'unir le passé qui nous rend si nostalgique au présent qui
peut toujours nous y ramener avec encore plus de force. Absolument
incontournable.