Même si Engel n'est pas né de la dernière pluie, il est fermement lié à la déferlante sombre venue du nord, celle aux pulsations sonores malsaines, crasseuses et poisseuses. Le groupe propose avec Raven Kings des ondes sonores noires, menées par une guitare aux riffs fouillés et aux arpèges mystérieux qui ne laissent discerner que l'essence des compositions. A ce paysage musical certes milles fois entrevu, s'ajoutent un chant aux intonations en équilibre entre vocalises criardes du death à la manière de Death, éructations caverneuses plus modernes et lignes mélodiques sombres comme la géhenne... Ce tableau est par ailleurs complété par des notes technoïdes désincarnées très contemporaines.
Après une introduction cinématographique qui érige une ambiance d'armageddon, un premier morceau entre thrash et death façon Carcass éclate, il permet au vocaliste de délivrer de l'émotion qui fusionne dans cet amas ondulatoire moite ; ensuite Denial libère toujours plus de violence à l'aide de trépidations épileptiques ; puis Fading Light distille un passage apaisé qui nous amène vers des paradis artificiels ; après My Dark Path au tempo délié, propose une mélodie captivante, seule soutenue par une guitare dépouillée ; quant à I Am the Answer, il commence aussi en douceur accompagné par une six-cordes dénudée, gorgée de chorus façon Call of Ktutlu, puis voyage vers des horizons émotionnels, magnifiés par des harmonies cristallines ; vient alors En of Days qui s'amuse avec les contrastes, en nous noyant sous des crachats gutturaux ultra-violents, en proposant toutefois une rythmique dansante et des éléments sonores éloignés du death...
Alors Broken Pieces permet au soliste de montrer la sombre qualité de sa palette dans une composition certes classique, mais qui passe toutefois comme une lettre à la poste. Enfin Hollow Soul est un véritable hymne fédérateur taillé pour le live, il donne aux musiciens l'occasion de délivrer une ultime giclée de violence pure.
Engel propose un death à équidistance entre les mastodontes Carcass, Insomnium ou Avatar et des notes plus heavy dignes d'un Evergrey musculeux.. Mais, même si l'album est bon, il laisse une impression de répétition, car les architectures vibratoires et les lignes mélodiques se ressemblent... Malgré cette réserve, la galette est de grande qualité et mérite d'être écoutée avec délectation.