Inconnu jusqu'alors dans nos colonnes, The Mercury Tree est un quatuor américain créé en 2006 et dont Countenance est déjà le troisième album studio. Avertissons tout de suite l'auditeur néophyte qui se lancerait sans précaution à l'écoute des 57 minutes de cette galette : la musique proposée tout du long de ces 10 plages est complexe, et nécessitera quelques écoutes avant de se laisser apprivoiser … sous réserve d'en supporter la répétition. Difficile en effet de résumer en quelques mots l'univers musical ici présent, mélange de rock complexe, de jazz, de fusion, d'un soupçon de métal, mais aussi de pop acoustique !
Dès son entame, Pitchless Tone, donne le ton et met immédiatement en valeur les capacités techniques redoutables des interprètes (dextérité du guitariste, rythmiques complexes), pour un titre où l'on se rend rapidement compte que la "mélodie" portée par le vocaliste n'est finalement que prétexte à la mise en œuvre d'un déchainement techniques des instrumentistes. La suite va d'ailleurs confirmer ce démarrage, y ajoutant de surcroit un parfait antagonisme entre des passages calmes délivrant une pop/rock aux atours acoustiques, et une fureur instrumentale accompagnée par moment d'un chant hurlé. Ainsi, Otholiths, titre le plus fort de l'album, s'avère la parfaite démonstration de cette mise en place : 3 minutes de chanson qui pourrait rivaliser avec du Coldplay, suivies par une montée en puissance incroyable, puis une fusion finale ébouriffante qui ravira ceux qui accepteront de débrancher leurs certitudes pour se laisser embarquer dans un voyage aux limites de la folie.
Mais, loin de se contenter de ce choc des extrêmes, nos gaillards nous font également voyager du côté du jazz, avec deux titres aux noms équivoques (Mazz Jathy et Jazz Hands of Doom). Mais là encore, le thème est abordé à leur manière : le premier titre penche très rapidement vers l'univers de Gong, époque Pierre Moerlen, avant de glisser tout doucement vers un final lumineux aux mesures impaires, tandis que la deuxième composition se révèle bien plus sombre et froide, flirtant là encore avec une fusion maîtrisée.
Tout ce mélange semble détonnant et peu abordable, et il est certain que la première écoute s'avère quelque peu déstabilisante. Pourtant, à force de répétitions, l'assemblage se révèle sous un jour plutôt intéressant et passionnant, la construction quasi-mathématique de la majorité des titres apparaissant alors de nature à exciter positivement les neurones de l'auditeur. Il n'empêche que Countenance reste un album proposant une musique exigeante à réserver à des oreilles aguerries.