Gonzo Multimedia aime faire plaisir aux fans en déterrant de vieilles bandes perdues et oubliées de tous. La roue de la chance s'est arrêtée cette fois sur... Peter Banks ! En 1979 avec son amie Sidonie Jordan, l'ex guitariste de Yes, insatiable musicien multipliant les projets artistiques fonde le projet Empire avec lequel il sortira trois albums (les "Mark I, II et III"). Partagé avec de nombreux artistes dont Phil Collins lui-même (il tient la rythmique sur le présent 'Sky At Night') le groupe peine pourtant à distribuer sa musique faute de label intéressé et partira (trop) vite aux oubliettes.
Ce double album, qui regroupe de nombreux inédits enregistrés majoritairement durant les sessions de "Mark III", permet de réhabiliter enfin ce projet bien plus qu'anecdotique. On y retrouve bien entendu des titres très proches musicalement de l'univers Empire mais aussi d'autres plus originaux et décalés ainsi qu'une poignée d' instrumentaux proches des premiers Yes.
'Off With The King's Head' lance ce double album sur des rails Jazz/Rock/Funk Fusion instrumentale comme un Weather Report ou un Mahavishnu Orchestra pouvait en proposer à l'époque, celle bénie de l'explosion des frontières musicales et des expérimentations les plus folles et débridées, entre jam intense, Dance Music au chant féminin et complexité assumée. Et pour mieux enfoncer le clou, ce n'est pas moins de 17 minutes de musique entre joyeuse bonhomie et fausse simplicité qui s'impose dès la seconde plage. Laissant la part belle aux mélodies de guitare, 'Something's Coming' sent la maquette à plein nez. Le son se fait parfois brouillon, les transitions paraissent légèrement maladroites et les bandes fatiguées mais l'ensemble n'en possède pas moins de charme. Sur le second album 'Somewhere Over The Rainbow' et 'What Do You Want', sensiblement plus énergiques seront à ranger dans la même catégorie.
Dans un genre plus concis et radiophonique, le tristement bien nommé 'The Fall Of The Empire' voit Paul Delph expérimenter sur son clavier électrique les tout nouveaux sons spatiaux avant un titre presque Carnavalesque et une fois encore un peu décousu. Toujours au rayon des plages plus orientés "chanson", les quelques titres chantés par la chaleureuse Sidonie Jordan possèdent un charme irrésistible. Le Rock endiablé de 'Out Of Our Hands' garni de passages chaloupés, le disco 'Dancing Man' ou 'Sky At Night' sur lequel Banks sort la guitare acoustique à la manière d'un Steve Hackett et se la joue Gypsy méritent elles aussi une certaine attention.
Expérimentation et inspiration sont donc les maitres mots pour décrire ces bandes au contenu pas toujours achevé. La trop courte 'Ascending To The Planet Mars' et sa guitare spatiale et épique aurait par exemple mérité d'être développée sur bien plus que deux minutes tant les plans de sont riches et captivants à la fois. Si vous acceptez les légères approximations sonores et l'effet parfois maquette de l'ensemble, vous êtes assuré de passer un très bon moment en compagnie du regretté Peter Banks, un autre artiste disparu que Gonzo cherche à réhabiliter avec un profond respect . L'entreprise est suffisamment honnête et passionnée pour être saluée.