Yesterdays est un groupe roumain comprenant des membres issus de la minorité hongroise. ''Holdfenykert'' (qui signifie 'Jardin au clair de lune') est leur premier effort mais la version qu'il nous propose ici est la troisième révision de l'album édité pour la première fois en 2006.
La musique de Yesterdays semble très influencée par l'aspect folklorique et pastoral présent notamment chez Genesis, grâce à l'apport prépondérant d'une flûte, une guitare acoustique cristalline et un mellotron. Le seul élément qui se distingue du modèle a pour nom Kinga Janosi. La voix de cette chanteuse, dans une tradition folk, apporte beaucoup de douceur à une musique déjà apaisante. Elle intervient tout en douceur sur 'Ne felj' après de subtils développements harmoniques joués à la guitare par Akos Bogati-Bokor (leader du groupe The Cosmic Remedy) et accompagné de la flûte d'Emese Kozma Kis (qui se permet un petit emprunt à ''Close to the Edge'' de Yes). Parfois une simple respiration alliée à une flûte suffit pour transcender l'atmosphère ('Hol vagy').
Certains titres sont chantés en anglais ('So divine') et l'accent de la belle apporte un peu de fraîcheur et d'exotisme. La chanteuse sait toutefois s'effacer et laisser la place à des espaces instrumentaux qui ne déplairaient pas à Steve Hackett ou à Mike Oldfield ('Ha majd egyzer', 'Napfenykert', 'Holdfenykert') dans lesquelles la guitare et la flûte prennent leur ascendant. Néanmoins, le groupe reste assez sage, les longues pistes ne sont pas instrumentales et le groupe brode moins qu'il étire un canevas ('Hol vagy', 'Valahol a terben').
La dernière partie de l'album décolle véritablement avec l'apport des claviers de Zsolt Enyedi sur 'Seven', dans une optique plus néo-prog, comme pourrait le faire leur grand-frère Solaris. Mais hélas, le chant à deux en anglais n'évite pas la piège de la mièvrerie et tond l'herbe sous le pied d'un magistral solo final de flûte. Portée par une section rythmique en forme, la voix de la chanteuse apparaît a contrario de ses précédentes prestations plutôt envahissante et quasi dispensable sur la dernière piste.
Nous avons entre les oreilles un très relaxant album de rock progressif mâtiné de folk, dont la plus grande réussite repose sur ses qualités instrumentales mais qui peine encore à trouver son chemin entre l'hommage évident et la création originale.