Si vous êtes un familier d'Electric Moon, alors le nom de The Spacelords ne doit pas vous être inconnu. Signé chez Sulatron Records, le propre label de Sula Bassana et notamment animé par le batteur Marcus, qui partage désormais ses baguettes avec son aîné, le trio intègre donc cette famille de musiciens allemands nourris aux grains généreux du rock psyché, instrumental de surcroit.
Dans ce genre actuellement en vogue, ce dont on ne se plaindra pas, ces Teutons ne sont ni les meilleurs ni les plus novateurs mais ils ont pour eux, outre une peu contestable maîtrise du style, une décontraction ainsi qu'une sincérité qui les rendent franchement sympathiques à défaut d'être incontournables. Artisans d'un Rock cosmique et tranquille, il leur manque en fait une espèce de niaque, davantage de personnalité aussi ou tout simplement ce génie qui explique l'écart qui les sépare d'un Electric Moon (notamment).
S'il témoigne de ces (relatives) faiblesses, ce quatrième opus reste tout à fait agréable à écouter. Sans surprise, "Synapse" déroule un menu aux compositions déliées avoisinant toutes avec les dix minutes, cadre idéal permettant de tricoter des ambiances duveteuses. Dont acte. Basse mangeuse d'espace ('Pyroclastic Monster', que polluent quelques voix trafiquées un peu inutiles), percussions soyeuses, nappes de sonorités spatiales et guitare strastosphérique qui décolle parfois très haut, tressent un maillage aussi évanescent qu'onduleux que colorent des teintes orientales, à l'image du très beau 'Sitarguitar' (ça ne s'invente pas).
Pépère, le groupe prend son temps, trop peut-être, pour totalement emporter l'adhésion. L'ensemble est très bien fait mais il ne réussit jamais à franchir le stade supérieur. Du coup, l'ennui n'est parfois pas loin de guetter, piège que les Allemands évitent heureusement de peu, auteurs de longues pièces des plus plaisantes, telle que le lent 'N°2' qui n'est d'ailleurs pas sans évoquer Electric Moon, ceci expliquant sans doute cela.
A l'arrivée, on tient là un bon album de Rock psyché et instrumental qui demanderait seulement à être tenu plus fermement pour être la réussite espérée. L'amateur, toujours gourmand de ces effluves cosmiques, ne fera toutefois pas la fine bouche et il aura bien raison !