Contrairement à ce que la sonorité de son patronyme pourrait laisser croire, Mark Kelson ne nous vient pas de Suède mais de la lointaine Australie. Chanteur et guitariste au sein de The Eternal, un groupe dont la musique sombre flirte avec le doom metal, il collabore aussi à plusieurs projets de Duncan Patterson (ex-Anathema) pour Ion et Alternative 4.
"Resurgence" est son premier album solo. Vraiment solo puisque Mark Kelson a composé tous les titres, joué de tous les instruments, mixé et produit l'album dont il a même conçu la pochette. Fort de son expérience, sa musique est un mélange de rocks atmosphérique et progressif volontiers sombres et souvent dynamisés par le jeu puissant des guitares et de la batterie.
'Samana', découpé en deux parties, ouvre et ferme l'album au son d'une mélodie ample et majestueuse très hollywoodienne. Passée cette introduction réussie, le mini-epic de l'album, 'The Only Way Out Is In', développe lentement ses ambiances autour d'un chant et de chœurs plaintifs sur boucles de guitare avant de basculer dans un instrumental floydien période "Animals", avec un riff de basse/batterie syncopé, des claviers en contretemps et des envolées lentes de slide guitar. Une belle contrefaçon qui ne devrait pas laisser insensible les admirateurs du flamant rose et qui se retrouve de façon plus discrète sur 'Ācariya' et 'Ocean Blue', intelligemment prolongé par les samples du court 'Wide Awake'.
Mais étiqueter "Resurgence" comme un énième Pink Floyd-like serait injustement réducteur. Les influences sont indéniablement présentes mais bien assimilées et mélangées à d'autres ingrédients qui donnent à ce disque une tonalité très personnelle. Ainsi, si vous avez pu planer un temps sur 'The Only Way Out Is In', nul doute que 'My Own Degradation' se sera chargé de vous ramener à une réalité plus sombre. Il émane de ce titre une sauvagerie oppressante due à l'avalanche de noirs décibels enfantés par le rythme tribal de la batterie et les saillies des guitares. Dans la même veine, la puissance délivrée par l'anxiogène 'Ācariya' prend l'auditeur à la gorge et son alternance entre furie de riffs lourds et fausse sérénité d'arpèges orientaux s'avère éprouvante.
Mark Kelson délivre avec "Resurgence" un premier album dynamique et mélancolique, dosant astucieusement les instants de douceur pour relâcher l'intensité pesante qui s'installe insidieusement. Un disque d'un bel équilibre doté d'une forte personnalité.