Après une tournée d'adieux de trois ans, Scorpions retourne sa veste et décide de fêter les cinquante ans de la création du groupe avec un nouvel album pompeusement intitulé 'Return To Forever'. Résolument orienté eighties, ce nouvel (dernier ?) album est basé sur des démos de l'âge d'or du groupe de 1982 à 1988, période faste qui les a vu sortir des albums exceptionnels tels 'Blackout' et 'Love At First Sting'. Au-delà de la pertinence d'une telle sortie, on est en droit de s'interroger sur la qualité de titres qui n'ont pas trouvé leur place à l'époque sur les productions du groupe.
Malheureusement, les craintes se confirment dès les premières mesures de "Going Out With A Bang" où riff simpliste et mélodie pataude le dispute à une interprétation passéiste en total décalage avec ce que l'on est en droit d'attendre d'un tel groupe. D'autres titres sentent le renfermé comme "Rock My Car", "All For One" ou "Rock 'N' Roll Band" (notez au passage l'originalité des titres ...) indignes d'un album de 2015. Côté ballade, marque de fabrique du Scorp' depuis 35 ans, rien de transcendant, au contraire ; "House Of Cards", "Who We Are" et "Eye Of The Storm" ne parviennent pas à empêcher l'ennui au bout de seulement une minute d'écoute. C'est mièvre et sans inspiration. Dans l'exercice, seule "Gypse Life" s'en sort correctement grâce à une mélodie blues et des arrangement minimalistes, tout en retenue. Klaus Meine y est crédible et le solo de guitare acoustique est agréable.
Il y a tout de même quelques titres corrects sur ce 'Return To Forever' qui sauvent cet album de la débâcle, à commencer par le single gentillet "We Built This House", dans une veine AOR proche de "No One Like You", tout comme "The World We Used To Know" dans un registre pop à la Queen, décalé et agréable. C'est également le cas des réussis, "Hard Rockin' The Place" et "Dancing With The Moolight" (qui contient le seul solo digne de ce nom) toutes deux entrainants à souhaits et donnant envie de taper du pied à défaut de secouer la tête. De même, "The Scratch" se laisse écouter malgré, encore une fois, des longueurs et des mélodies simplistes.
Une tournée d'adieux, c'est fait pour dire "Adieu", pas "Au revoir". Les Allemands sexagénaires n'ont peut-être pas compris la nuance, puisqu'ils repartent en tournée au printemps. Malheureusement, ils nous proposent un album de plus, parfaitement dispensable, certainement l'album de trop. En même temps, lorsque l'on déterre des démos de plus de trente ans, il ne faut pas s'attendre à des miracles. Le rock a évolué et l'odeur de formol est un peu trop forte à l'écoute de ces titres remis maladroitement au goût du jour. Le manque d'inspiration déjà palpable à la sortie de 'Comeblack' s'accentue encore aujourd'hui. Il est peut-être temps de raccrocher Messieurs.