Muse visuelle aussi bien que thématique, notamment pour le Doom et le Stoner qui ne cessent de le citer, l'influence - grandissante - du cinéma de genre, horrifique surtout, ne s'arrête pas à cette esthétique mêlant érotisme et occultisme. La musique qui rythmait ces pellicules des années 70 et 80 nourrissent l'imaginaire d'artistes dont l'oeuvre entière est bâtie autour de cette inspiration.
Carpenter Brut n'est pas seulement l'un d'entre eux, il en est surtout l'un des plus extraordinaires acteurs. Si peu d'informations circulent sur la nature de ce projet français, son nom seul suffit à poser le décor, hommage évident à John Carpenter, maestro du fantastique et compositeur de ses propres bandes originales. Citant aussi bien le créateur d'Halloween, Gorgio Moroder, Goblin et toutes les BO de films d'horreur italiens, c'est tout un pan de la culture bis auquel (re)donne vie cette entité que deux EP, quasiment épuisés dès leur sortie, auront suffi à rendre culte, réputation pour une fois ô combien justifiée.
Avoisinant avec la demi heure, le premier des deux, fixe déjà la signature sonore de son géniteur. Instrumentale et dégoulinant de synthétiseurs vintage, la musique de Carpenter Brut se veut belle et tripante, sombre et remuante, bande-son puissamment hypnotique, véritable arme de séduction massive dont les mélodies s'accrochent à la mémoire pour ne plus la lâcher, qualité qu'illustrent par exemple '347 Midnight Demons' et son tapi synthétique obsédant ou bien encore l'inaugural 'Escape From Midwish Valley' qui, après une lente entame, voit ses traits se faire de plus en plus inquiétant, jusqu'à ce break brutal qui l'entraîne vers une fin belle à pleurer.
Tour à tour presque dansant à l'image du furieusement dynamique 'Disco Zombi Italia' (tout un programme) mais aussi parfois menaçant, témoin ce qui s'impose comme le point G de l'écoute, ce 'Le Perv' nous replongeant dans le "Zombi" de Romero et sa (fausse) suite signée Fulci, ce galop d'essai a des allures de voyage dans le temps, une bonne trentaine d'années en arrière ('L.A. Venice Bitch 80's') sans pour autant sonner daté ni même rétro.
C'est là toute la gageure de Carpenter Brut qui imprime tout du long une énergie du feu de dieu grâce à un sens de l'accroche résolument moderne et une prise de son cataclysmique qui propulse ses pistes vers des sommets ('Wake Up President'). Bref, en un mot, un seul : Indispensable. Ce EP devrait même être remboursé par la sécu tant il fait du bien, conférant à celui l'écoute (en boucle forcément) une pêche d'enfer et une envie de soulever des montagnes.