Fort du succès rencontré par son galop d'essai, Carpenter Brut récidive moins d'un an plus tard avec un second EP tout aussi jubilatoire et tout aussi culte et très vite sold out. Comment de toute façon aurait-il pu en être autrement ? La recette est la même, habile dosage entre electro et synthwave que rehausse une touche disco enjouée, le tout biberonné aux BO de films d'horreur des années 80 en un mix imparable auquel il parait bien difficile de résister.
Sans doute moins immédiat que son prédécesseur, cet opus sécrète pourtant de véritables trésors nichés dans les méplats de son intimité lui permettant de l'égaler voire même de le dépasser. Il se veut en réalité bien plus riche, plus complexe dans son approche d'une musique aussi frétillante qu'hypnotique, déluge de sons électroniques couplés à une plus grande variétés de sonorités (basse, guitare).
Là où son devancier s'ouvrait lentement, cette deuxième cuvée démarre sur les chapeaux de roue avec le puissant 'Roller Mobster', gigantesque piste pulsative à laquelle moins de quatre minutes suffisent pour donner à celui qui l'écoute la trique des grands jours, sorte de Giorgio Moroder survitaminé qui aurait absorbé du Viagra par boîtes de douze.
L'enchaînement avec 'Meet Matt Stryker' est fantastique, procurant des frissons. Emporté par une batterie synthétique, ce titre illustre parfaitement la qualité d'écriture à laquelle est déjà parvenu le projet, canevas bouillonnant qui multiplie les ambiances et les breaks. Tout d'abord sombre, le morceau maintient tout du long un rythme tripant, que propulsent des effluves électroniques étourdissantes.
Plus lent se veut 'Obituary', hanté par des voix informatisées cependant que 'Looking For Tracy Tzu' change brutalement de ton, après une première partie assez légère, pour s'enfoncer dans un monde crépusculaire. Les traits se font alors plus lourds, plus inquiétants avant de céder la place en fin de parcours aux lignes mélodiques initiales.
Construit comme la bande-son d'un film, le menu se poursuit ensuite avec le tonitruant 'Sexkiller On The Loose', véritable orgie de claviers vintage et de guitares hurlantes. Enfin, le récit s'achève (déjà) avec 'Hang'em All', plage tout aussi tumultueuse, tout aussi belle, notamment lors d'une conclusion puissamment envoûtante, point final d'un récit qu'on aurait souhaité - une fois n'est pas coutume - bien plus long.
C'est donc la bave aux lèvres qu'on attend désormais un premier véritable album ou à tout le moins une troisième petite rondelle de la part de Carpenter Brut que le monde entier nous envie, nouveau maître d'une musique electro orgasmique et galopante.