Même s'il était resté actif, cela faisait un moment que Jim Peterik avait quitté le devant de la scène. Le dernier album de Survivor datait de 1988 et ce n'était pas la reformation du groupe qu'il avait fini par quitter à nouveau en 1996 après quelques prestations live, ni ses participations aux albums solo de Kelly Keagy (Night Ranger) qui l'avaient remis sous les lumières de la célébrité. Pourtant, cela faisait un petit moment que le multi-instrumentiste avait un projet en tête. La rencontre avec le jeune prodige Toby Hitchcock, chanteur aussi talentueux qu'inconnu, puis la bénédiction de Serafino Perugino, patron du label Frontiers, furent les déclencheurs qu'il attendait pour enfin lancer Pride Of Lions présenté par son géniteur comme "sa vision des meilleurs éléments du rock mélodique des années 80 mis à jour avec un son et une production plus modernes".
Si la déclaration peut sembler un brin osée, le résultat n'en est pas moins à la hauteur et va ravir les amateurs d'AOR et de Hard Mélodique, fans des ces formations qui remplissaient les stades une vingtaine d'années auparavant. La première des références est sans surprise Survivor qui semble être de retour lorsque les titres se font à la fois pêchus et mélodiques. L'art du riff accrocheur ('It's Criminal'), des claviers enthousiasmants ('Sound Of Home') et du refrain catchy et imparable ('Unbreakable') qui avait fait la réputation du groupe de Chicago, est ici de retour, offert par celui qui en fut l'un des principaux créateurs. La formule est également enrichie par le chant à 2 voix proposé sur la quasi-totalité des titres, Peterik assurant les parties les plus basses et Hitchcock faisant parler une puissance et une maîtrise absolument époustouflantes.
Si les incontournables ballades de qualité sont également au menu ('Interrupted Melody', 'Last Safe Place'), il serait une erreur de croire que Jim Peterik se contente de refaire du Survivor avec de nouveaux partenaires de jeu. Des morceaux plus ambitieux tels que le majestueux 'Prideland' offrant sa sereine mélancolie sur plus de 6 minutes, ou le groovy 'First Time Around The Sun' mélangeant soul et rock, ne sont pas sans rappeler Toto, alors que le très rock 'Turn To Me' vient dégainer un inhabituel mais jouissif duel de guitares sur un final de plus d'1 minute 30. Ces titres moins directs se retrouvent concentrés en fin d'album, laissant entrevoir la direction qui pourrait bien être celle suivie par le groupe pour la suite de ses aventures. Si ceux-ci se révèlent parfois moins accessibles ('Madness Of Love' se présentant comme une power-ballade interrompue par un break instrumental dynamique et spectaculaire sous forme de jam), ils dénotent cependant de la volonté d'ouvrir le paysage artistique proposé et apportent un intérêt supplémentaire à cette première œuvre.
Avec cet album éponyme, Pride Of Lions réussit le pari de s'imposer comme une des références du paysage AOR. A l'image de ses deux membres, il marie parfaitement la sécurité de l'expérience et la fraîcheur de la nouveauté pour un résultat qui nous plonge quelques années en arrière sans sombrer dans la mélancolie, l'enthousiasme étant une des composantes évidentes de cet opus. Remettant en selle un des plus talentueux musiciens du genre et révélant un jeune chanteur dont les qualités en étonneront plus d'un, Pride Of Lions nous offre un album d'une qualité supérieure et éveille déjà la curiosité pour la suite de son existence.