Deux ans après un "Southern Stars" qu'il aurait mieux fait de sortir sous son propre nom, Angry Anderson remet le couvert avec une formation qui n'a plus rien à voir avec Rose Tattoo en dehors de la présence du charismatique frontman dégarni. Dernier survivant de la légendaire triplette d'albums des débuts du combo australien, Geordie Leach a quitté le navire, remplacé par Andy Cichon qui s'occupe également des claviers. Nous reviendrons sur la présence pour le moins surprenante, si ce n'est même inquiétante, de cet instrument après avoir également précisé que seul le batteur Scott Johnston survit au précédent line-up, la paire de guitariste composée par Greg Jordan et John Meyer s'étant également fait la malle, remplacée par le seul Tim Gaze. Autant dire que le bâtiment tangue dangereusement, confirmant le côté individuel de la démarche engagée par Angry Anderson depuis quelques années.
Car après les expérimentations pop-rock de "Southern Stars", le teigneux chauve désoriente à nouveau son auditoire avec un album plongeant dans un AOR que personne n'attendait et qui, une fois de plus, n'a rien à voir avec l'identité des Tatts. Certains inconditionnels rétorqueront à juste titre que la plupart des titres présentés ici sont loin d'être mauvais et qu'en dehors de leurs atours FMisants, 'Frightened Kid', 'Michael O'Reilly' ou 'Get It Right' restent dans l'esprit du gang des tatoués. Mais s'il est vrai que le dernier nommé dégage une énergie communicative et permet de retrouver la gouaille d'un Angry hâbleur comme aux plus beaux jours, l'ensemble n'en est pas moins aseptisé par la présence de claviers très typés 80's. Ceci n'empêche pas ces titres de surnager de part leur qualités intrinsèques, tout comme l'introductif 'Calling', mais pourquoi les faire paraître sous le nom de la rose tatouée qui a construit sa légende sur des bases bien plus véhémentes et épurées ?
Et que dire des ballades 'Suddenly' et 'Falling' qui voit Anderson se lancer dans des paroles pour midinettes sur fonds de piano ? Là aussi, le résultat, bien que complètement décalé, n'est finalement pas aussi mauvais que l'on pourrait le craindre, 'Suddenly' ayant même accédé au statut de hit en Australie après avoir eu les honneurs d'une diffusion dans la légendaire série Neighbours. Mais il est difficile d'imaginer Pete Wells entériner de tels choix artistiques, d'autant que si 'Winnie Mandela' sauve encore les apparences avec ses touches world et son joli solo final, plusieurs titres ne dépassent finalement pas le stade du dispensable. Car contrairement au reste de l'album, les 'Runaway', 'Say Goodbye' ou 'Clear And Simple' n'arrivent même pas à atténuer la trahison ressentie en raison de leur niveau particulièrement moyen.
Une nouvelle fois, Angry Anderson utilise le nom de Rose Tattoo pour faire passer ses expérimentations solos auprès d'une fan-base qui ne manquera pas de se sentir flouée par cet album d'AOR, même si le niveau de ce dernier n'a rien de catastrophique. Cet opus aura beau être réédité sous le nom du chanteur, le mal est déjà fait et les dernières éditions se feront à nouveau sous le nom de Rose Tattoo. Il est grand temps que la plaisanterie prenne fin et qu'Anderson assume ses choix artistiques en réservant le nom du groupe à une reformation pour l'instant hypothétique.