Les Allemands d'Atari Teenage Riot sont comme tout le monde, ils vieillissent. Et cela s'entend. Oh non pas que ces pionniers de la musique industrielle copulant avec le Hardcore, ne fassent plus de bruit mais, désormais assagis, leur art semble davantage tailler pour les dancefloors que pour les aciéries berlinoises. A l'écoute de "Reset", leur deuxième effort depuis leur reformation en 2010, on ne peut s'empêcher de se demander si les Teutons n'auraient pas été plus inspirés de rester dans leur tombe, ce qui aurait permis de maintenir intacte une légende que les années et des albums de cette trempe risquent d'égratigner.
Ceci étant, il serait exagérer d'affirmer que "Reset" est un ratage sinon un disque honteux. Les amateurs du dernier rang qui ne connaissent pas le passé du groupe, seront même sans doute séduits par ces beats dance au mieux entêtants ('J1M1') au pire presque bruitistes ('Transducer'). Les autres aussi trouveront à piquorer dans ce menu très bien fait, qui réussit pourtant, malgré sa courte durée (une quarantaine de minutes), à paraître interminable.
Le titre éponyme, au groove hypnotique, 'Modern Liars' ou encore 'Death Machine' se suçotent sans déplaisir, autant de (maigres) bons moments qui doivent souvent tout -ou presque - à la voix acidulée de la toujours si charmante Nic Endo, qu'on aimerait entendre plus souvent.
Mais que la violence rageuse des débuts semble loin, sans doute envolée avec la mort de Carl Crack. De l'étendard antinazi anarchiste et révolutionnaire (dans le fond comme dans la forme) originel ne subsiste donc plus qu'un dinosaure qui fait beaucoup de bruit pour rien. Vidé de sa moelle, Atari Teenage Riot s'est mué en un groupe pour boîte de nuit, pas désagréable en soi mais qui n'est plus vraiment lui-même...