Bien qu'à l'orée du nouveau millénaire nous ayons assisté à une déferlante progressive hexagonale, il n'en reste pas grand-chose aujourd'hui. Awacks vient de cette époque où la France a vu émerger une pléiade d'artistes un peu chercheurs, un peu fous (Aching Beauty, Time Curve Symetry, Conscience, Inner Chaos). Or si beaucoup ont jeté l'éponge, le combo a résisté et propose avec fierté un quatrième album ("Resilience"), uppercut sonore digne des plus grosses pointures, emmené par des musiciens habiles et une production aux petits oignons.
Même si la formation propose de multiples interventions au synthétiseur, elle construit des rythmes plombés dignes de Iron Maiden ou Shadow Gallery, heavy quoi ! La guitare éructe des ondes torturées, accompagnées par des soli techniques. La section rythmique qui fait un travail tout en finesse et en modulation dispense un groove imparable. Quant à la voix gorgée d'intonations grandiloquentes, elle reste toujours très rock; on pourra la comparer à Mike Baker, par cette alliance entre souplesse, puissance et fragilité.
L'apéritif musical débute par une ambiance robotique prévenant d'un danger imminent par un insistant "System Critical". Déboulent ensuite riffs à foison et refrains fédérateurs... Cet amour du riff s'entend sur les étapes suivantes. Même si certaines sont convenues, peu importe : quand le vin est suave, l'ivresse est là. 'Disappear' ralentit alors le tempo. Passée l'introduction hypnotique, le chanteur étale toute sa sensibilité sur une mélodie envoûtante. 'Hey You' et 'Ashes of Life', compositions plus aventureuses, permettent aux musiciens de développer des changements de rythmes, des accélérations et surtout des ambiances captivantes. Le subjuguant et émouvant final de 'Ashes Of Life' fera peut-être naître une larme. Ultime sucrerie, la reprise de 'Mama' à l'exécution parfaite, proche de l'originale, prend toutefois un visage plus lourd et vraiment malsain.
Awacks signe avec "Resilience" un bon album de progressif pour lequel le metal est un fondement identitaire, à l'instar d'un "Brave New World" qui baigne ses racines metal dans une nappe progressive. Le groupe prouve ainsi son potentiel puissant et technique, au travers de bruits, de fureurs et d'évolutions musicales alambiquées.