Evil, le Guiness Book est à ta portée. Ne sortir son premier album que 32 ans après sa création en 1982, c’est en effet un exploit assez rare pour un groupe. Il ne me vient en tête que Shotgun et son unique album en 40 ans de temps pour contester ce record de lenteur. Les scandinaves asthéniques d'Evil ont patiemment attendu l’année 2015 pour sortir leur premier album, qui donne, ironie de l'histoire, dans le speed metal.
Bon, soyons honnête, ce n’est pas tout à fait vrai, Evil pratique plutôt un Trash Metal assez paisible qui pourrait faire penser par moments à Tankard, aux débuts d’Accept ou à certains des albums les plus classiques de Metal Church. Mais ce qui est certain, c’est que ce grand écart temporel est plus que sensible au niveau musical. En effet, le groupe semble être resté bloqué quelque part au milieu des années 80 et se montrer totalement réfractaire à toute forme d’évolution.
Pour autant le résultat est sérieux, le Heavy Metal, un peu démodé, proposé tout au long de ce "Don't Shoot the Messenger", se montre très respectueux des codes du genre : riffs en pagaille, alternance de passages clairs, de twin chorus et de parties plus lourdes de guitares, chant se montrant tour à tour agressif et calme… les danois ont eu tout le temps de potasser le manuel du parfait petit thrasheur. Sous la houlette de Freddie Wolf, quasi seul maître à bord et seul membre originel du groupe, le duo déroule son Heavy lourd et un tantinet pataud avec une détermination qui n'en reste pas moins un peu grossière.
En effet, les moments inspirés sont assez rares. On peut citer quelques parties de guitares sur 'Keep It True', l'utilisation d'un thème de Bach, popularisé par Jethro Tull, au milieu de 'Big Show', ou bien les lignes de basse qui animent 'Move'. Pour le reste, les raisons de s’enflammer son assez limitées. Il faut toutefois reconnaitre que Søren Nico Adamsen, chanteur ayant officié par le passé au sein d’Artillery, possède un timbre adapté à ce style musical, et qu’il se montre très convaincant, avec sa voix légèrement voilée, mais toujours bien maitrisée. Le bonhomme, qui peut parfois faire penser à un Mark Osegueda (Death Angel) sous tranquillisant, est un des points forts de cet album qui n'en comporte pas énormément.
Car malheureusement, si l’on ne peut guère reprocher au groupe son respect d’une certain tradition musicale, on ne peut toutefois pas passer outre un réel manque d’inspiration et de créativité. A de très rares exceptions, les titres s’enchainent sans déclencher beaucoup d’émotion chez l’auditeur. Que ce soit négativement (quoique...), ou bien positivement. Ainsi, même si l’on considère les meilleurs titres de cet album, 'I Could Be Your Hero' et 'Darker Side Of Mother Nature', on aura beaucoup de mal à s’extasier devant ces morceaux tellement basiques et bourrins que l'on est à deux doigts de pouvoir les considérer comme des parodies des albums de Thrash les plus conventionnels des années 80.
Reste qu’il convient de saluer la ténacité de Freddie Wolf qui a su conserver une flamme intacte et une dévotion pour ses amours musicales de jeunesse. Car si le résultat peut peiner à trouver une place marquante sur la scène métal actuelle, on ne peut que louer l’opiniâtreté d’Evil.
Bon les gars, et si on se donnait rendez-vous dans 20 ans… Mais va falloir mettre un sacré coup de collier !