Les contrats signés par certains artistes avec leurs maisons de disques sont parfois à l'origine de situations compliquées dont la qualité artistique sort rarement vainqueur. Celui de Bon Jovi prévoit la sortie d'un album en 2003 alors que le combo du New Jersey vient de sortir "Bounce" l'année précédente. A court de nouvelles compositions, le beau-gosse et son équipe se retrouvent pris au dépourvu et se doivent de trouver une solution au plus vite, d'autant que les bandes qui devaient servir au live prévu pour palier à son manque d'inspiration, ne sont pas d'une qualité à la hauteur des attentes du groupe. Jon Bon Jovi a alors l'idée de retravailler une douzaine de tubes de sa formation et de les réenregistrer en acoustique, proposant ainsi une compilation à la présentation pour le moins originale.
La démarche est risquée et mérite le respect, quel que soit l'avis que l'on puisse porter sur le résultat final qui, malheureusement pour Bon Jovi, va faire l'objet d'un véritable lynchage qu'il est difficile de ne pas comprendre. En effet, la première écoute de cet opus est tellement déstabilisante qu'il n'est pas surprenant que nombreux soient ceux à ne pas avoir donné une seconde chance à des titres qu'il est possible de répartir en 3 catégories.
Il y a d'abord ceux qui restent assez proches des versions d'origine, ce qui les rend en général plutôt agréables, voire rassurants, mais limite sérieusement l'intérêt de la relecture. C'est essentiellement le cas des ballades les plus célèbres que sont 'Bed Of Roses', 'I'll Be There For You' ou 'Always'. Mais l'approche épurée de ces titres aboutit au final à leur enlever du relief, ce qui ne leur permet pas de soutenir la comparaison avec leurs originaux.
La deuxième catégorie concerne des titres plus dynamiques dont l'approche acoustique retire une grande partie de l'énergie mais suscite néanmoins l'intérêt pour les plus curieux, comme ce 'It's My Life' devenu aérien dans une version mariant piano, guitare acoustique et lignes de cordes pour un résultat plein d'émotion. Sans atteindre ce niveau, la nouvelle version de 'Everyday' n'est pas sans intérêt non plus. Par contre, l'approche jazzy de 'You Give Love A Bad Name' tourne vite en rond alors que l'idée de départ semblait très intéressante.
Enfin, les titres restant (malheureusement les plus nombreux) peuvent être classés sous l'étiquette de tentatives pleines de bonnes intentions mais se plantant dans les grandes largeurs. Comment ne pas s'apitoyer devant un 'Bad Medicine' sur lequel Jon Bon Jovi semble chercher désespérément la formule pour sortir de la platitude ? Comment garder son calme face à la soupe pénible et popisante d'un 'Lay Your Hands On Me' sans énergie, ou un 'Born To Be My Baby' défiguré et écœurant ?
Alors que l'initiative aurait pu se révéler originale et intéressante, c'est finalement un échec artistique et commercial qui va résulter d'un ensemble trop linéaire et indigeste. Si la difficulté de se détacher des originaux pourra éventuellement être surmontée, cela ne suffira pas à sauver cet album d'un naufrage en eaux profondes dont seuls quelques rares titres pourront surnager. Après un tel échec, Bon Jovi se doit de se reprendre s'il ne veut pas rester sur le bord de la route comme le personnage figurant sur la pochette de cet album.