Lorsque l'on possède dans ses rangs un batteur du niveau de celui de Jamie Borger, il n'est pas étonnant que le rythme ne pose pas de problème. Pourtant, dans le cas de Last Autumn's Dream, il reste impressionnant de constater l'inaltérable régularité avec laquelle le super groupe suédois continue à proposer un nouvel album chaque année. Comme d'habitude, "Level Eleven", onzième opus du désormais quatuor, sorti au Japon à la fin de l'année 2014, débarque sur nos platines en ce début d'année, 11 ans après le premier album éponyme. Cette nouvelle offrande est marquée par un premier changement de line-up depuis le décès de Marcel Jacob. En effet, Andy Malacek, dernier membre fondateur du groupe avec Mikael Erlandsson, quitte le navire pour des raisons d'ordre privé et laisse sa place à Peter Söderström, faisant de Last Autumn's Dream une formation désormais suédoise à 100%.
Côté compositions, il n'y a pas de véritable révolution découlant de ce changement de guitariste. La formule des Scandinaves a déjà fait ses preuves et l'art de ces derniers pour marier des mélodies séduisantes et des refrains imparables est désormais légendaire. Alors pourquoi bouleverser une recette gagnante ? Pourtant, le doute s'insinue d'entrée avec un 'Kiss Me' rutilant au riff accrocheur et au refrain cinglant. Nous flirtons ici avec un Hard Mélodique pétillant auquel Last Autumn's Dream ne nous avait plus habitué sur ses deux derniers opus, le tout enrichi par un solo lumineux installant immédiatement Peter Söderström avec assurance. Ce durcissement de ton, tout relatif il faut l'avouer, mais suffisamment appuyé pour ne pas passer inaperçu, se retrouve à plusieurs reprises, comme sur un 'Go Go Go – Get Ready For The Show' irrésistible et au profil de hit potentiel, ou sur des 'Losing You' et 'Delirious' un peu plus AOR dans l'âme mais aux atours symphoniques pour le premier, et théâtraux pour le second.
Le reste se révèle plus classique pour la formation suédoise, sans pour autant manquer la cible car il sera difficile aux amateurs de résister à des 'Follow Your Heart', 'Star' ou 'I'll B There 4 U' avec leurs mélodies popisantes et leurs refrains euphorisants. Il est d'ailleurs à noter que le dernier cité est une reprise d'un titre de Talisman qui semble mieux correspondre à l'identité de Last Autumn's Dream qu'à celle de ses géniteurs. Les incontournables ballades sont également au menu et sont à nouveau à la hauteur de ce que le quatuor sait faire de mieux en la matière. Que cela soit un 'Fight The World' au charme candide, un 'Made Of Stone' ample et émouvant, ou un 'PLZ' clôturant l'ensemble en douceur avec ses quelques notes de piano, il est presque impossible de ne pas se laisser emporter par des mélodies et refrains que l'on se surprend à fredonner durant plusieurs jours.
Le départ d'Andy Malacek se révèle donc indolore pour ses désormais anciens compagnons de jeu dont Mikael Erlandsson semble s'affirmer comme le maître incontesté. Last Autumn's Dream continue son chemin sans fausse note, tentant avec succès quelques approches vers un Hard Mélodique un peu plus musclé, mais sans déstabiliser son auditoire habituel. Tout en maintenant un rythme soutenu dans ses productions, le combo suédois réussit à faire évoluer sa formule avec une finesse qui n'a d'égal que celle de compositions toujours aussi ciselées.