Jeune groupe espagnol de post-rock, Toundra s'est construit une carrière déjà forte de trois albums unanimement encensés par la planète rock. Loin des poncifs et des clichés souvent associés à ce style, Toundra s'est forgé une identité musicale forte. Il est donc réducteur de les enfermer dans un seul style tant leur rock est varié.
Ce nouvel opus est un concept album racontant l'histoire de deux renards tentant d'échapper au terrible incendie qui ravage la forêt où il vivent, une métaphore pour dépeindre l'affligeant mépris de l'homme pour son environnement. L'entame de ce 'IV' reprend la recette qui a fait le succès des espagnols avec "Strelka" qui s'appuie sur une montée en puissance progressive, des guitares lumineuses, une ligne de basse inquiétante et un jeu de batterie en tous points remarquable. Le jeu versatile d'Alex dans un style proche d'un math-rock à la Toe contribue à la signature musicale unique de Toundra. Ecoutez "Oro Rojo", "Strelka" ou "Belenos" pour finir de vous en convaincre.
Toundra possède de réels points communs avec les suisses de Monkey3 ou les allemands de Long Distance Calling. Tous les trois sont les pionniers et les fers de lance de ce nouveau courant de post-rock heavy et progressif. Leur musique sait se faire agressive ou atmosphérique et les ambiances qu'ils créent provoquent nombre d'émotions en stimulant l'imagination de l'auditeur grâce à des compositions instrumentales passionnantes. La paire "Qarqom" - "Lluvia" en est le parfait exemple avec le premier, long titre progressif dans sa construction qui évolue jusqu'à une explosion de guitares saturées à laquelle fait suite le second, litanie de guitares dissonantes sombres et inquiétantes, voire dérangeantes, qui rappelle les plus sombre passages de 'III'.
Toundra n'a pas son pareil pour prendre l'auditeur à revers comme sur "VIesca" avec la douceur du violon et des cuivres qui semblent tout droit sortis d'un 'Atom Heart Mother 'de Pink Floyd. "Kitsune" est une autre pièce évoluant progressivement d'arpèges de guitares claires vers un déferlement de riffs heavy et répétitifs soutenus par une rythmique hypnotisante. La fin de l'album est dans la même veine mais le propos tend à s'essouffler quelque peu, comme si tout avait déjà été dit et que la surprise n'était plus aussi efficace. L'ambiance quant à elle reste homogène et l'impression de plénitude s'étend jusqu'aux dernières mesures de "Oro Rojo".
Toundra, fidèle à ses préceptes, nous livre un quatrième album dans la lignée des précédents, dans leur style caractéristique fait de phrasés évolutifs et d'ambiances entre heavy et atmosphérique. Moins sombre que son prédécesseur, ce 'IV' pose une nouvelle pierre à l'édifice du groupe en asseyant encore un peu plus sa position de précurseur de ce nouveau genre de rock instrumental. Si vous avez aimé les trois premiers albums, celui-ci en est le parfait complément. Pour les autres, Toundra est un groupe à découvrir d'urgence.