Yossi Sassi n’a jamais autant fait parler de lui depuis son départ remarqué d’Orphaned Land. En tant que compositeur, avec son second album "Desert Butterflies", dans son rôle de producteur avec dernièrement le "Searching" de Michael Kobrin et, ce qui nous intéresse plus particulièrement dans cette chronique, au sein du groupe Oceanic pour son premier album "City Of Glass". Le quatuor en provenance d’Israël est actif depuis 2007 avec une démo dont certains titres se retrouveront dans la liste des dix morceaux de "City Of Glass".

Oceanic évolue dans un registre rock-métal à l’esthétique sombre et aux sonorités brutes dont l’orientation mélodique puise dans des couleurs pâles et parfois discordantes (‘Fish You Shouldn’t Eat’). Les morceaux sont bâtis comme des monolithes dont on perçoit difficilement les nuances aux premiers abords (‘A Scanner Darkly’) avec des refrains dont les mélodies présentent trop peu de contrastes audacieux. Une grande partie du disque fonctionne sur ce mode hermétique et pesant, et seul l’agréable et acoustique ‘Eva The Cat Doesn’t Sleep’ offre un surplus de fluidité et de légèreté.

Oceanic sait se faire plus complexe (‘HMS Beagle’, ‘Oceanic’ et ‘These Countless Hours’), affichant des parentés lointaines avec respectivement Pain Of Salvation, Soen et Mastodon, offrant ainsi un rendu beaucoup plus intéressant même si les dissonances et d’incroyables problèmes de justesse au chant empêchent de totalement adhérer. ‘Wind Up In A Barrel’ est symptomatique du désordre qui règne parfois dans la musique d’Oceanic. Autour d’un riff qui sonne comme une intro de Gojira, le groupe essaie maladroitement de construire un morceau toolien avec de bonnes idées qui ne s’accordent pas toujours entre elles et porté par un chant qui gâche presque tout.

L’avenir d’Oceanic n’est pas encore totalement clair quant à la direction artistique empruntée par le groupe. "City Of Glass" oscille entre le rock-métal alternatif et le métal progressif et c’est la seconde option qui apparait comme gagnante. Oceanic cultive un son emprunt de psychédélisme et de nébulosité qui se marie bien avec le métal progressif et sur lequel la formation peut se forger une identité. Le prochain album sera l’occasion de vérifier les efforts de maturation, de finition et de progrès vocaux que les israéliens sont capables d’apporter à leur musique.