Après un premier album studio "charcuté" par EMI, leur maison de disque, générant une baisse d'intérêt certaine de cette dernière, celle-ci préférant plutôt miser sur Marillion et son leader charismatique, Pallas remet finalement le couvert en 1986 en publiant The Wedge, avec un line-up accueillant un nouveau frontman, en l'occurrence Alan Reed. Comme son prédécesseur, cet album fut ensuite réédité sous une autre forme en 1992, agrémenté de titres issus du EP The Knightmoves.
Loin de surfer sur le souffle épique de la version "originale" de Sentinel, Pallas continue, probablement sous influence de son commanditaire, d'adapter son propos au goût du jour, en nous proposant une musique directe, certes percutante, mais au sein de laquelle l'ambition progressive que l'on a pu trouver sur la suite Atlantis s'est envolée, en même temps que le groupe mettait son "son" en accord avec la décennie, à grands coups de claviers synthétiques au possible, et d'un traitement clinique des autres instruments, la guitare en devenant par moment insupportable. Seul membre à conserver un peu d'authenticité dans son interprétation, le nouveau venu Alan Reed montre néanmoins quelques limites vocales dans les aigus qui n'arrangent pas le rendu sonore désagréable au possible. 30 ans plus tard, la première moitié de l'album s'avère ainsi très indigeste à l'écoute, le summum du désagréable étant atteint avec le poussif Win or Lose.
Heureusement, la deuxième partie va nous proposer quelques titres plus intéressants, avec des compositions moins simplistes, conservant néanmoins leur côté grandiloquent (pompeux diront d'aucuns). C'est tout d'abord Ratracing qui ouvre le bal de titres enfin progressifs, au sein desquels nous retrouvons des mélodies travaillées, des changements de thèmes, d'ambiances, des passages instrumentaux. Et c'est la plage suivante, Sanctuary, qui va enfin faire décoller cet opus dans les hautes sphères néo-progressives : thème accrocheur, sonorités travaillées, montée en puissance et passages instrumentaux dynamiques vont enfin permettre au groupe de développer un style que l'on retrouvera bien plus tard dans la suite de leur carrière. Suivant avec une approche un peu plus basique, Just a Memory n'en demeure pas moins une belle ballade puissante, génératrice d'émotions, magnifiquement interprétée par Alan Reed, tandis qu'Il conviendra également de mettre en exergue Dance Through the Fire, dans un style que Saga n'aurait pas renié.
Malgré un relatif succès commercial, cet album marqua la fin de la première époque de Pallas. Tiraillé entre semble-t-il des exigences commerciales de leur label et ses envies progressives hélas trop peu exposées, le quintet écossais mettra la clé sous la porte durant plus d'une décennie avant de revenir par la grande porte, ambitions de gloire certes rangées au fond d'un tiroir mais liberté artistique retrouvée. En attendant, il reste un album peu consistant qui porte mal le poids des ans, production d'une autre époque hélas plutôt indigeste aujourd'hui.