C’est qu’il y en a eu des tributes à Maiden en plus de 20 ans ! Version Metal, Pop, Folk, Reggae, Ouzbèque, Breton, Chti et j’en passe. Et puis arrive Maiden UniteD et là, c’est tout autre chose ! Fondé en 2006 par Joey Bruers, Maiden UniteD voit le jour suite à la visite de Steve Harris lors d’une convention du fan club hollandais du groupe. Désireux de proposer autre chose qu’une relecture classique des incontournables de Maiden, le groupe tente l’aventure acoustique. Bingo, succès total, même papa Harris est conquis ! S’enchaînent alors deux albums et quelques apparitions en festival.
"Remembrance" est donc le troisième opus de Maiden UniteD et se penche majoritairement, comme son nom l’indique, sur les premiers pas du groupe. Côté personnel, si nous retrouvons une équipe majoritairement nationale (Ruud Jolie de Within Temptation à la guitare, Stef Broks de Textures aux fûts et autres Marco Kuyperset), quelques internationaux viennent renforcer l’équipe comme Paul Di’Anno et Blaze Bayley sur un titre chacun, mais surtout l’excellent Damian Wilson de Threshold qui transcende tout ce début d’album.
La première partie rend en effet hommage à la période Di’Anno. Piano, orgue Hammond et guitare acoustique viennent soutenir l’interprétation post-moderne d’un Wilson à fleur de peau sur un 'Strange World' qui trouve ici une profondeur que semblait ne pouvoir lui offrir la version originale. L’auditeur, happé dès les premières notes, redécouvre toute l’histoire de ce titre et plonge dans l’univers authentique de Maiden UniteD.
Sentant à plein nez le rock indépendant à l’anglaise (on pense aux ambiances minimalistes de Tindersticks), des titres comme 'Charlotte The Harlot' révèlent toute la finesse de leur mélodie originale grâce au piano d’Huub Van Loon qu’une batterie vient rehausser. 'Remember Tomorrow', toute en toms contient même un superbe duo guitare/piano, exercice qu’on aurait aimé entendre un peu plus souvent ici.
Mais ce qui marque avant tout, dans cette première moitié d’album, c’est la voix sur le fil d’un Wilson habité. Dommage que 'Killers', pourtant magnifié par la superbe mélodie de Ruud Jolie, supporte moins le costume doucereux faute à un texte non adapté au genre. C’est alors le rare single 'Burning Ambition' qui va servir de transition avec la suite de l’album. Quel plaisir de retrouver cette mélodie lumineuse dans une version plus légère pourtant jouée à la batterie par Thunderstick lui-même, ex-Maiden et Samson, qui n’oubliera pas la fameuse cowbell sur le pont instrumental.
'Futureal' et 'Prowler', interprétés par leurs chanteurs originaux, vont un peu venir tacher l’immaculée blancheur de l’album. Si 'Futureal' va en plus sonner un peu anachronique dans cette atmosphère, le chant des protagonistes, trop rugueux et puissant pour l’exercice, va venir si ce n’est fausser l’effet (Di'Anno tire un peu trop sur certains mots en fin de phrase de façon agaçante), tout au moins empêcher le voyage loin des rives originales de ces hits. Arrive alors le véritable bijou de "Remembrance" : 'Aces High', porté par Wudstik et renforcé sur un refrain solaire par Marcella Bovio, possède un élan et une pureté réellement surprenante. Et si la mélodie vocale est respectée, celle des guitares n'arrive que sur la fin, rappelant la filiation à l'original non sans un certain plaisir.
L'album vient s'achever sur un 'Still Life' on ne peut mieux adapté à l'exercice. La présence du violoncelle et l'interprétation de Wilson apportent un côté progressif à ce titre, comme à bien d'autres finalement avec un peu de recul.
"Remembrance" se doit par son courage et son authenticité assumée de figurer parmi les meilleurs hommages à Maiden, de ceux en tout cas qui savent offrir autre chose que l'intention originale du groupe, sur laquelle il restera définitivement inimitable.