En trois disques Marduk a déjà marqué les esprits. "Opus Nocturne" était cru et féroce et confirmait que l'art noir avait trouvé un maître. Ainsi la 4ème pièce des Suédois est attendue de pied ferme, "Heaven Shall Burn... When We Are Gathered" qui sort en Juin 1996 est une confirmation éclatante. Désormais produit par Peter Tägtgren et marqué par l'arrivée de Legion au chant, Marduk va nous proposer son premier disque référentiel, celui qui va les voir se transformer en animal de guerre. Servi par un son énorme, "Heaven Shall Burn" est une détonation d'une rare intensité, ultra violente mais très maitrisée. Car loin d'être un simple magma de violence, ces 7 titres, plus une courte introduction, montrent une formation maîtresse de son art.
Il en ressort un disque si puissant qu'il en est presque effrayant. Legion démontre sa férocité vocale. Avec son ton très grave, il se montre furieux, possédé et contribue largement à faire du groupe ce monstre sanguinaire sans pitié. Musicalement, l'ensemble est intense, mais au détour de breaks intelligents, il laisse respirer son auditeur pour mieux l'assommer. On notera aussi la place laissée à la basse de B. War et la qualité des riffs d'un Morgan très affuté, à la fois puissant mais toujours fluide.
Ainsi, avec le monstrueux 'Beyond The Grace Of God' qui ouvre le disque et qui regroupe toutes les qualités du groupe, puis avec 'Infernal Eternal', 'The Black Tormentor Of Satan' et 'Legion', Marduk signe des brûlots à la gloire de la guerre et du mal. Avec le splendide 'Glorification Of The Black God', Morgan adapte 'Night On A Bald Moutain' de Moussorgsky à la sauce black métal en respectant cette perle du classique, le tout dans un parfait esprit malsain. Enfin, Marduk s'amuse avec ses auditeurs, il le brutalise avec un ultra violent 'Darkness It Shall Be' alors qu'avec 'Dracul Va Domine Din Niou In Translyvania', il signe un titre lent, sombre et lancinant encore plus malsain, contant l'histoire de Vlad Tepes dans un esprit diabolique.
Grande pièce de l'histoire du black métal, "Heaven Shall Burn…When We Are Gathered" voit Marduk franchir un palier important et devenir un monstre du genre. Plus propres, plus professionnels, les Suédois perdent peut être le charme des débuts mais gagnent en intensité et en méchanceté. Avec cet album, jamais la guerre et la violence brute n'ont été aussi délicieuses.