Pour débuter, je tiens à présenter mes excuses aux fans de l’âge d’or de Faith No More, ceux qui ne jurent que par "The Real Thing" ou "Angel Dust", ceux qui pensent que l’on ne fera jamais mieux que ces 2 grandes références, et encore, je ne parle même pas des défenseurs de la période Chuck Mosley, ceux-là ont probablement déserté le groupe avec l’arrivée de l’ovniesque Mike Patton à la fin des années 80. Bref, "Sol Invictus", le nouvel album de Faith No More n’est probablement pas à la hauteur de ces glorieux ainés mais est-ce que cela en fait pour autant un mauvais album ?
Honnêtement, pour l’avoir écouté et réécouté maintes et maintes fois, la réponse est tout simplement non. Cet album recèle son lot de pépites qui révèlent toutes leurs saveurs au fur et à mesure des écoutes successives. A commencer par le single ‘Superhero’ digne du meilleur de Tomahawk (bon sang ! Ces riffs et ce chant hardcore), ainsi que l’enchainement quasi parfait des 3 excellents morceaux que sont ‘Rise Of The Fall’, ’Black Friday’ et ’Motherfucker’. Tout le génie de Faith No More réside probablement dans ce triptyque, habile mélange d’easy-listening, de bandes originales de western spaghetti et de riffs ravageurs dont le groupe a le secret depuis toujours. Et que dire du chant de Mike Patton alors ? Celui-ci est toujours parfaitement assuré, que ce soit dans un registre crooner ou hardcore et, contrairement à ce qu’il a pu faire au cours de sa carrière solo, avec Mr Bungle ou Fantomas, jamais il ne part dans le grand n’importe quoi, ce qu’on a pu à juste titre lui reprocher quelquefois.
Il est vrai qu’à côté de ces compositions, on trouve également des morceaux plus anecdotiques, comme ‘Separation Anxiety’ dont le côté inutilement bourrin vous rappellera pourquoi ce groupe se retrouve toujours classé dans la catégorie métal, ou encore ‘From The Dead’, la jolie ballade de fin d’album dont on aurait pu facilement se passer. Mais bon, qui aurait pu imaginer il y a quelques mois que le groupe allait ressortir un nouvel album, lui qui ne semblait intéressé, à ce moment-là, que par les concerts ? En fin de compte, ce qui peut être un peu frustrant, c’est de se rendre compte que Faith No More sort, après tout ce temps, un album de moins de 40 minutes. On imagine alors que depuis la reformation du groupe en 2011, il y a encore du matériel à exploiter, et qui sait quelles pépites il reste encore dans le coffre à jouets (on se souvient de certaines faces B excellentes ou même de quelques inédits de la période "King For A Day…").
Encore une fois, ne boudons pas notre plaisir. "Sol Invictus" est un bon album, peut-être imparfait, mais qui n’a pas à rougir de la comparaison avec son prédécesseur, et laissons-lui le temps de s’installer tranquillement dans nos mémoires. J’en connais même qui réévaluent aujourd’hui "Album Of The Year", alors…