Malgré la longue carrière du groupe, 'Venom' n'est que le second disque de Impellitteri chroniqué dans nos pages. En effet, Chris Impellitteri a fondé le groupe qui porte son nom en 1987. Le line up, stable depuis la fin des années 90 comprend notamment Rob Rock (chant) aux côtés de Chris depuis la première heure.
Après une carrière en dents de scie, le virtuose californien revient en 2015 avec son dixième album. Chris Impellitteri a très vite été considéré comme l'un des guitaristes les plus doués de sa génération, et souvent comparé à Yngwie Malmsteen pour ses capacités techniques et sa vitesse de jeu. Ces caractéristiques et sa propension à distiller un jeu néo-classique proche de l'univers du Suédois ont classé d'office Impellitteri dans la catégorie Guitar Hero mais, aujourd'hui, le groupe officie plutôt dans un registre Heavy Metal et 'Venom" confirme ce constat.
Techniquement, Chris Impellitteri est une pointure. Sa dextérité est exceptionnelle. Les soli sont virevoltants et inspirés, faits de montées et/ou descentes de manche le plus souvent hyper rapides. Les riffs sont heavy à souhait, eux aussi rapides, et la production propre et claire rappelle les mastodontes du heavy metal des années 90. Ainsi les amateurs de Whitesnake, ou Iron Maiden ne seront pas dépaysés. La rythmique n'est pas à la traîne avec des tempos nerveux appuyés par une double pédale très (trop) présente.
Les compositions, quant à elles, constituent le point faible de l'album avec une inspiration peu éloquente. Du coup, chaque titre donne l'impression d'avoir déjà été entendu comme 'Face Of The Ennemy', seul mid-tempo de l'album, qui rappelle l'énergique version de 'Because the Night' de Ron Keel, alors que 'Time Machine' s'inspire fortement des riffs et chorus de l'hymne 'Hallowed Be Thy Name' de la vierge de fer. Quant à 'We Own The Night', ce titre très hard rock (que vient gâcher cette satanée double pédale) aurait trouvé naturellement sa place sur un album du serpent blanc. Si l'ensemble est assez enjoué, les titres ne brillent pas par leur originalité ni leur immédiateté. Ainsi, les refrains de 'Nightmare', 'Domino Theory' ou 'Venom' soulignent les limites créatives du groupe par des mélodies un peu grossières.
Sans être mauvais, "Venom" laisse une impression d'inachevé, surtout du haut de ses 36 petites minutes pour 10 titres. D'un côté, un staff talentueux, voire hors normes, et de l'autre, une inspiration limitée, le tout dans un registre heavy sans grande originalité donnant un rendu moyen, pour le moins insuffisant pour déclencher un réel plaisir d'écoute. Dommage, car Chris Impellitteri peut (beaucoup) mieux faire.