Affichant 20 ans de carrière et 5 albums, les français de Black Bomb A sont une valeur sûre de la scène hardcore métal. Pour son 6ème opus, le groupe voit son line-up évoluer avec le retour d’Arno au chant. On rappellera que la particularité de la formation vient de ses deux chanteurs : Poun évolue dans un registre criard et hurlé tandis qu’Arno parcourt un registre rauque et grave death metal.
Si Black Bomb A n’a pas déçu avec ses disques récents, le retour d’Arno profite considérablement à ce "Comfortable Hate" tant la complicité vocale des deux compères saute aux oreilles. Shaun, le prédécesseur éphémère d’Arno, avait un ton trop proche de Poun, ce qui avait handicapé "Enemies Of The State".
En plus de ses chanteurs, il faut aussi mettre en lumière le travail des musiciens, la section rythmique ne fait pas de quartiers, la basse de Jacou est très présente tandis qu’Hervé Coquerel reste une machine infernale.
Musicalement, le groupe évite l’écueil de la nostalgie. Il nous propose un mix de tout ce qu’il sait faire de meilleur, balançant entre hardcore, punk et métal, tout en laissant de la place aux passages mélodiques. Il en résulte un disque plein, sans temps mort et parsemé de morceaux de bravoure.
Le début du disque avec ‘Comfortable Hate’, ‘Let’s Start Again’ et ‘The Point Of No Return’ est un uppercut redoutable sonnant comme la rencontre parfaite entre hardcore incisif et métal à la Machine Head. Par la suite, Black Bomb A a l’intelligence de varier le propos et explore des territoires plus mélodiques. L’introduction avec voix claire et basse en avant de ‘Rescue From The World’ donne une force énorme à ce titre accrocheur sur lequel Poun varie son chant hurlé. Puis 'Rise Up’ et son refrain imparable, ‘Land Of Bastards’ et ‘Tears Of Hate' s’imposent comme de grands moments de l’album. La puissance brute alterne avec des passages vocaux plus mélodiques, des chœurs et refrains accrocheurs.
Mais c’est bien ‘Into The Void’ qui surprend le plus : ballade mélancolique teinté de blues, c'est un véritable ovni dans cet univers mais convainc pleinement. Enfin la fin de l’album met en valeur des titres puissants comme ‘On Fire’ et ‘They Say’ dans la grande tradition du groupe.
Avec "A Comfortable Hate", Black Bomb A frappe très fort. Certes, certains esprits chagrins se plaindront des passages mélodiques mais ils sont la preuve d’une envie d’évoluer et d’avancer intelligente. En matière de hardcore teinté de métal, le groupe montre une maturité impressionnante et à toutes les cartes en main pour faire un carton avec ce disque, l’un des meilleurs sorti depuis des années dans le genre.