Tempus fugit ! Les jeunes et fougueux Glam Rockers de Hardcore Superstar commencent à prendre des rides, le groupe approchant doucement de son vingtième anniversaire. Si cela n’était pas vraiment sensible jusqu’alors, les Suédois ayant livré ces derniers temps des albums aussi puissants qu’immédiats, ce "HCSS" laisse poindre une certaine baisse de vigueur.
Pour être tout à fait honnête, ce n’est pas tant en termes d’énergie que ce changement de régime se fait sentir, mais plutôt par la volonté affichée du groupe de se montrer moins "basiquement efficace" et de ne plus chercher systématiquement à proposer des compositions immédiatement mémorisables. Qualités qui étaient un peu la marque de fabrique de Hardcore Superstar ces derniers temps. Du coup, ce dixième album paraît plus confus, plus décousu que ses prédécesseurs. Les optimistes diront plus varié, plus expérimental et plus exigeant. Toujours est-il que la ligne artistique, l’objectif musical, semblent moins bien définis, moins clairs.
Le côté direct et un peu ingénu de la musique du groupe laisse souvent la place à une expression plus massive, plus complexe et un peu plus torturée. Une sorte de syndrome "Generation Swine", qui avait vu Motley Crüe perdre une partie de son âme dans une recherche de succès malhabile. Mais il serait plus qu’exagéré de voir dans ce "HCSS", la même impasse artistique, et il convient plutôt de louer la volonté d’évolution des Suédois, ce parti-pris se traduisant quand même à plusieurs reprises par de très bons morceaux. Cependant cela n'occulte pas le fait que le groupe s'aventure dans des domaines où il ne se montre pas toujours très à l’aise et un peu moins légitime.
C’est le cas lorsqu’il se lance dans un rock plus mainstream, avec un 'Fly', guère original qui s’étiole sur la longueur. Ou bien lorsque, tout en renouant avec sa fougue habituelle, il dilue son propos dans des changements d’ambiances pas toujours heureux ('Growin Old' ou le très dispensable 'Glue'). Mais lorsque le groupe se lance dans un hard rock endiablé ('Messed Up For Sure'), ce qu'il sait faire à merveille, l'efficacité est alors immédiatement au rendez-vous. On trouve également du très bon, à l’image de l’enjoué et insouciant 'Cemetary', ou bien du plus posé, 'Off With Their Heads' qui monte doucement en puissance porté par une ligne de basse très présente et un chant sobre du meilleur effet. La palme de l’innovation revenant au décalé 'Touch The Sky', dont le chant si particulier renvoie parfois à celui de Bruno Mars et dont la rythmique tranche avec le style habituellement plus organique des Hardcore Superstars.
Cet album assez irrégulier pourra désorienter certains fans, tant le groupe se faisait jusqu’alors le chantre d’une certaine orthodoxie valorisant un rock ‘n'roll volontairement basique et direct. Mais il semble plus juste de considérer ce "HCSS" comme une première tentative du groupe de faire évoluer sa musique afin d’atténuer tout risque d'apparition d’un sentiment de lassitude. Sur ce plan, on peut considérer que cet album est plutôt une réussite. Réussite qu’il conviendra cependant de confirmer avec un successeur légèrement plus cohérent et constant en qualité.