ICU est un groupe allemand composé de cinq membres dans une configuration classique. Auteur de trois albums en quatre ans dans le milieu des années 90, il a survolé le monde du progressif en y laissant une trace que nous ne pouvions laisser de coté.
Pour leur première livraison, "Moonlight Flit" et ses dix titres (dont quatre instrumentaux), ils sont épaulés par un flûtiste sur ‘The Brave (Closing Section)’ et une narration en russe sur ‘Sticks On Fire’, hommage à Wladimir Tschernosenko, un Ukrainien qui a travaillé sur la définition et la construction du sarcophage de Tchernobyl, mort d’un cancer en 1996 après s’être battu contre la politique de déploiement continu de l’énergie nucléaire.
En se penchant sur le contenu musical, il est aisé de comprendre que les Allemands ont été biberonnés au progressif des années 70 et 80 tout en y intégrant une touche néo-progressive de l’époque. En effet, la complexité des compositions croisent le fer avec les élans néo comme par exemple sur l’epic ‘Between Surface And Ground’ où les nappes de claviers se transforment en soli réguliers.
L’influence d’Eloy est aussi sensible sur ‘The Brave (Closing Section)’ où l’intro guitare/voix/flûte/nappes claviers passe au mid-tempo dès l’arrivée du couple rythmique, au demeurant très efficace et mis en valeur par une production adéquate. Nous avons aussi droit à quelques incartades solistes de la six-cordes notamment sur ‘Cloudless Sky’, sans toutefois partir dans de longs développements pompeux et inadéquats.
Si le phrasé anglais de Ralf Grossman n’est pas des meilleurs, sa voix assez communicative (et non maniérée) permet de ne point y faire attention, ce qui est d’autant plus confortable que le tout s’intègre parfaitement dans le cadre.
Cet album a été réédité en 2013 – dans une remastérisation bienvenue gommant les imperfections initiales - avec l’ajout d’un CD supplémentaire enregistré live le 6 novembre 1993 pour le lancement de l’album, et d’un DVD.
Si le DVD a la lourde tâche de donner une vie visuelle à ce premier album, il faut reconnaître que la technique de l’époque subit les affres du temps. Intéressant pour l’histoire car la partie sonore est assez correcte.
Le CD supplémentaire regroupe la quasi-totalité de l’album sans ‘Between Surface And Ground’ et ‘Sometimes Somewhere’ mais permet d’y découvrir la version longue de ‘The Brave’, et rien que pour cela mérite l’achat.
Vous l’aurez compris, ICU a déposé d'entrée un premier album fort
honorable qui mérite écoute car sans réelle faiblesse apparente. Si
l’histoire du groupe se terminera en 1997, Thomas Glonkler a quant à lui
continué l’aventure par la suite.