Voilà un album qui risque de tromper tous ceux qui ne se fient qu'aux apparences. Il y a tout d'abord le patronyme du groupe qui aurait plutôt tendance à faire penser à une de ces formations fournisseuses de musiques à la tristesse typiquement nordique mais dont la beauté n'est pas accessible à tous. Et puis il y a surtout les noms qui composent le line-up de Last Autumn's Dream qui comprend dans ses rangs pas moins de 3 anciens membres d'Europe, groupe légendaire dont la reformation est toujours au stade de projet. Encore dans l'attente de la décision de leurs compères Joey Tempest et John Norum, Mic Michaeli (claviers), John Leven (basse) et Ian Haughland (batterie) se sont joints à Mikael Erlandsson (Love Under Cover) et Andy Malacek (Fair Warning) pour ce premier opus éponyme. Pas de Doom Death dépressif donc, mais pas non plus de ce Hard Mélodique carrossé qu'Europe avait l'habitude de nous servir avant son split. Car ce sont bien le chanteur (Erlandsson) et le guitariste (Malacek) qui sont aux commandes de Last Autumn's Dream, créateurs du projet et responsables de la quasi-totalité des compositions.
La musique proposée ici serait plutôt à classifier dans la catégorie AOR, avec une forte propension à flirter avec des mélodies popisantes hyper accrocheuses. Le chant légèrement voilé de Mikael Erlandsson s'impose comme la principale marque de fabrique du groupe, même si l'identité du style est déjà bien marquée. Les refrains sont presque systématiquement imparables et caracolent dans votre mémoire durant de longues heures voire de longues journées, et l'enthousiasme est communicatif, transmettant en général une bonne humeur bienfaitrice. Quelques ballades se glissent au sein des 11 titres proposés, respectant un format relativement classique mais touchant au but à chaque fois, que cela soit à l'aide d'un parfait équilibre entre mélodie et mélancolie ('Guardian Angel'), d'un orgue Hammond délicieusement rétro ('The One') ou d'un solo lumineux d' Andy Malacek ('Going Home').
Le guitariste allemand, seul intrus au milieu des Suédois, réalise d'ailleurs une véritable démonstration tout au long de l'album, multipliant les soli étincelants tout en restant au service des compositions. Capable de rappeler tour à tour Gary Moore ('Doin' Time'), Yngwie Malmsteen ('Break The Chain (Of Destiny)') ou Neal Schon ('High Up'), il est éblouissant de virtuosité et de sensibilité. Il ne laisse que quelques miettes à un Mic Michaeli se contentant d'un superbe solo sur l'imparable 'Again And Again' et assurant essentiellement l'habillage du reste des titres, mission dont il s'acquitte cependant avec le talent qu'on ne présente plus, et avec une variété de sonorités et de mélodies qui contribuent grandement à la richesse de cet opus. Comme ses compères de la section rythmique, il est palpable qu'il bénéficie ici d'une plus grande liberté d'expression, ce qui permet à cette triplette européenne de grandement participer à l'enthousiasme ambiant et à l'énergie communicatrice de la plupart des compositions.
Nous voici donc en présence d'un album réussissant un quasi sans faute, même si l'intensité baisse très légèrement sur le final. En même temps, difficile de garder la barre à un niveau tel qu'il en presque impossible de citer tous les titres méritant que l'on s'y arrête. Ce premier opus se révèle incontournable pour tout amateur de mélodies enthousiasmantes et accrocheuses, et de refrains imparables. Le temps dira s'il ne s'agira que d'un projet sans lendemain ou d'un véritable groupe dont la suite des aventures sera de toute façon attendue avec impatience. A déguster sans modération !