Farewell est né il y a 3 ans à Bordeaux sous la houlette de JB Caluaud, ingénieur du son et producteur. Chant, piano, samples, arrangements, il fait presque tout sur ce premier album intitulé "Living Ends". Mais il a su s'entourer d'artistes accomplis pour mener à bien deux ans de travail, notamment de Dax Liniere, producteur australien, de Yullia Brown, chanteuse lyrique bulgare, et de nombreux artistes de la scène bordelaise.
"Living Ends" est un omni (objet musical non identifié) qu'il est impossible de ranger dans telle ou telle case, style ou genre. Néo-classique, opéra, ambiant, lyrique, pop, atmosphérique, alternatif, prog, post-rock, sont autant de genres abordés et mixés pour aboutir à un résultat forcément très varié et très personnel. La grande variété de la musique de Farewell est le reflet de la personnalité et des goûts de JB Calluaud, pianiste accompli, féru d'opéra, fin cinéaste et amateur de pop atmosphérique. Sa musique est un savant et improbable mélange de ces influences hétéroclites.
C'est l'aspect néo-classique qui emporte la première impression tant l'orchestration classique et le chant lyrique aérien de Yulia Brown impriment cette connotation, particulièrement sur 'Soleil Rouge' et 'Epitaph'. Mais rapidement, la légèreté des titres plus pop comme 'Dancers' et 'Holding Hearts' prennent une part importante de l'album, surtout après plusieurs écoutes. Les arrangements sont tellement fins que tout s'écoule naturellement grâce à une maîtrise des ambiances où rock et electro s'imbriquent parfaitement ('The Killing Hours' ou 'Holding Hearts').
Les samples qui jalonnent l'album apportent du liant à l'ensemble, tout comme les sonorités de piano, parfois légères rappelant Yann Tiersen, sorte de fil rouge, ténu mais familier, auquel l'auditeur s'accroche fébrilement pour ne pas perdre pied dans cette symphonie de diversité musicale. Le poignant final, 'Living Ends' concentre toute la versatilité de l'auteur quand les violons mélancoliques à la Samuel Barber le disputent aux screamos extrêmes sur fond de post-rock saturé des refrains. Un final jouissif en apogée d'un album qui transpire l'originalité, servi par une écriture subtile et des arrangements de haute volée.
Les quelques défauts, principalement sur la voix de JB dans les passages le plus intimistes (à vouloir tout faire il finit par laisser en route quelques parties moins abouties que d'autres), empêchent ce "Living Ends" d'obtenir la note maximale à laquelle l'extrême originalité de Farewell le destinait. Mention spéciale à la profondeur des ambiances, pour la plupart douces et mélancoliques, qui rendent l'album passionnant du début à la fin. "Living Ends" s'adresse à tous les amateurs de musique puisque chacun trouvera des motifs de réjouissance dans ce voyage musical introspectif. Saluons l'audace de JB Calluaud qui réussit à mêler des influences aussi opposées et parvient à en faire un album homogène, original et authentique.