Holding Sand, ce nom ne vous dira peut-être pas (encore) grand-chose. Après quelques préliminaires de rigueur, un premier album enfanté en 2012, "Some Things Are Better Left Unsaid", et des performances remarquées aux côtés de Mass Hysteria, Buckowski, Aqme ou Ultra Vomit, gageons que "A Life Worth Memoirs" devrait rapidement changer la donne et graver dans la roche du Post-Hardcore la signature de ce quintet venu de Tours.
Qu'est-ce que cette seconde offrande a de plus que sa devancière qui pourrait ouvrir à ses auteurs le sésame vers une renommée accrue et méritée ? Beaucoup de choses en fait. Passons sur l'emballage tant sonore (confié à Francis Caste) que visuel, parfaits tous les deux, pour nous concentrer sur un contenu aussi ambitieux qu'inspiré. Sa nature de concept-album racontant la vie, la maladie puis la mort d'un personnage, détermine la forme et le ton de cette oeuvre divisée en trois chapitres de quatre titres chacun, retable massif déployant des ambiances de plus en plus désespérées, douloureuses parfois, rageuses souvent, sombres toujours.
Pulsant d'une énergie rentrée, chaque composition dégorge une richesse puissamment mélodique qu'honorent de très beaux arrangements, comme en témoignent par exemple 'Whimpers And Scream' ou 'Merry-Go-Round', d'une grande beauté instrumentale qui est à l'image de tous les autres morceaux, autant de bijoux d'orfèvrerie brillant d'un éclat d'airain.
Si tous les musiciens méritent des éloges, notamment cette section rythmique du feu de dieu ('Worn Out'), force est de reconnaître que le chant de Clément se taille la part du lion, clef de voûte versatile de cet édifice aux fondations écrasantes, tour à tour explosif ou plus posé. Conférant à l'ensemble une force épidermique, il illustre à lui seul la vaste palette dans laquelle puise Holding Sand dont le matériau s'affranchit clairement du Post-Hardcore et de ses invariants pour aller butiner ailleurs et au-delà.
De fait, "A Life Worth Memoirs" possède la capacité de brasser un large public amateur de sensations électriques, ouvrant donc pour Holding Sand un vaste horizon et des perspectives artistiques qui le sont tout autant.