S'il est parfois délicat d'affilier tel ou tel artiste à un courant musical précis, certains prenant un malin plaisir à papillonner d'un genre à l'autre, voire à détourner les codes pour se créer un style qui leur est propre (essayez donc de ranger dans une case un David Bowie ou un Peter Hammill par exemple), d'autres ont la bienséance de faciliter la tâche du chroniqueur moyen. Hypnosphere est indubitablement de ceux-là ! La Berlin School (école de Berlin pour les non anglophones) vous dit-elle quelque chose ? C'est sous ce nom qu'on regroupe les musiciens s'adonnant à la musique électronique, les chefs de file, allemands, cela va sans dire, étant Klaus Schulze et Tangerine Dream, pionniers de ce style au début des années 70. Hypnosphere se pose en digne héritier de ces deux ténors.

Hypnosphere est un duo constitué de Wolfgang Barkowski (Alien Nature pour les intimes) et Lambert Ringlage, deux musiciens allemands (tiens !) ayant déjà à leur actif une discographie fournie chacun de leur côté et deux précédents disques en commun sous le nom d'Hypnosphere, parus en 2004 et 2007. Le nom du groupe résume à lui seul la musique que l'on retrouve sur "Timedrift" : hypnotique et s'enroulant sur elle-même telle une sphère, réalisant une progression elliptique très proche par son relatif ascétisme, des compositions de Klaus Schulze sur "Mirage" ou "Timewind". Tellement proche d'ailleurs qu'on peut se demander à quel point "Timedrift" n'est pas un hommage à "Timewind", le mimétisme allant se nicher jusqu'au titre de l'album.

Tout le disque est basé sur la combinaison de la répétitivité de boucles sonores dynamiques et de la lente évolution des longues plaintes des synthétiseurs et, petite touche d'originalité, des guitares. Si les deux premiers titres sont plutôt vaporeux et fantomatiques, 'Trancenter' réveillant de vagues échos d'un 'Shine On You Crazy Diamond' dilué, et 'Spherical Movement' tournant autour des notes aigrelettes et orientalisantes de la guitare, les quatre autres titres évoluent en suivant la pulsation fiévreuse des boîtes à rythmes et séquenceurs qui cadencent de leur ostinato les évolutions majestueuses des nappes de claviers et de guitares se mouvant en lents crescendos/decrescendos.

Prendre plaisir à cette musique tient du juste dosage de la lenteur de la progression : trop rapide, elle ne permet pas d'installer l'auditeur dans une atmosphère propice à la rêverie. Trop longue, elle confine alors à l'ennui d'une répétitivité trop ressassée. Hypnosphere a su trouver le bon équilibre et nous offre un disque de musique électronique dans toute sa splendeur, avec les qualités et défauts inhérents au genre. "Timedrift" est on ne peut plus recommandé aux amateurs de ce style musical. Les autres n'y verront qu'ennui.